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Branches de vie
Oui, il me manque quand même.

Les cours à la fac, c'est chouette. Je suis un peu perdue dans les amphis de 2000 personnes, on se croirait dans un mini stade de France, même si je n'ai jamais mis les pieds dans ce dernier... Cependant, Hugo me rassure, par sa présence à mes côtés. J'ai des copains de fac, les liens peuvent se tisser à toute allure ou à la vitesse d'une fourmi à la fac, tout dépend des gens.
J'aime bien la pause café du jeudi matin, au milieu des 3heures de littérature comparée... Tout le monde qui descend l'escalier, en vrac, on se précipite un peu, ça ne dure que cinq minutes. Et puis on se retrouve tous à faire la queue devant les quatre machines à café, et ce sera à qui offre un café à l'autre, à qui n'a pas assez de monnaie et fait la manche en riant, à qui préfèrera un cappucino à un grand crème... Tous serrés les uns contre les autres, on sort dans la cours, presque vide, puisque la pause est après une heure et demie, donc pas d'heure "ronde". Tous la tête un peu rentrée dans les épaules, personne n'a pris son manteau puisque c'est la pause, mais tout le monde sait qu'il fait froid quand même, et on se gèle à chaque fois. Instant de complicité, la même situation pour tout le monde, tous comme des pingoins qui serreraient leur oeuf contre eux, c'est assez drôle!
Voilà, j'ai trouvé : des manchots à café fumant entre leurs ailes, se dandinant de groupe en groupe. (-D

Merci mon Hugo d'être là... De savoir être là au bon moment, pas tout le temps, pas de façon fusionnelle, collés l'un à l'autre, et pas distant non plus, juste là quand il faut. Merci de savoir trouver les mots, merci d'avoir écouté le récit de ma "rupture totale" avec David, merci d'être attentif, oui attentif, et honnête. Sensible. Des qualités qui se font rares. Plein d'humour. Attentif, vraiment. Tous tes mots sont pensés, tu n'en dis pas en l'air parce l'on s'aime... Oui, je crois bien que je t'aime. Tu ne dis pas "je tiens à toi" parce qu'il faut le dire, parce que c'est ce que se disent tous les amoureux un jour ou l'autre, non ; tu le dis après une discussion d'une heure, deux heures, soudain, il y a un petit silence, je sens l'air un peu froid du matin ; tu es là, avec ton écharpe et tes cheveux un peu en bataille, tu me regarde soudain d'une drôle de façon, et tu dis plus bas, avec un petit temps d'hésitation, comme par peur de m'effrayer : "Je tiens à toi tu sais."
Et ça me fait comme une gorgée de chocolat chaud qui decend doucement dans la gorge qui a froid ; ça me réchauffe soudain les joues et le coeur.

J'ai parfois l'impression d'avoir tellement d'amour à donner.

Ma maman, ma petite maman, je viens d'apprendre qu'elle est malade. Une grosse grippe qui la cloue au lit ; oui, ça n'est peut-être pas très grave, mais ça m'affecte quand même.
Ce n'est pas tous les jours que l'on voit une maman forte, dynamique, tendre et toute doudou quand il le faut, devenir soudain toute pâle, enfouie au fond de son lit, en train de dormir toute la journée, et murmurant les mots, parce que sa gorge lui fait trop mal.
Je t'avais dit d'arrêter de fumer, maman, ça fait trop, un paquet par jour pour tes poumons.

On dit toujours aux autres d'arrêter de faire ce que l'on fait. Parfois par peur d'être copié, parfois parce qu'on est pas très fier de le faire. Je fume et j'aime ça. C'est bête.
J'aime le geste, j'aime l'allure que ça donne, j'aime ce petit point rouge dans la nuit, qu'on voit surgir d'une main enfouie dans des manches remontées jusqu'aux doigts, j'aime les volutes de fumée, j'aime la voix rauque qu'on a le matin lorsqu'on a trop fumé la veille, j'aime le côté sensuel, j'aime dire "t'en veux une?", j'aime me faire allumer ma cigarette par des gens que j'aime, par des inconnus dans la rue, à qui j'offre un sourire, j'aime le mot cigarette, parce que lorsque je le dis, lorsque je l'écris, je sens le papier à cigarette qui se froisse doucement, je sens une petite allumette plate qui se casse, je sens le frottement de la pierre à feu, je sens la chaleur de la flamme et la fumée qui remonte doucement dans ma bouche, je sens tout ça.
Mais je n'encourage personne à fumer. Heureusement, je n'en suis pas au paquet de maman, non. Une, deux par jour. On pourrait dire "c'est tout?" mais c'est déjà beaucoup.
Je ne sais pas si j'aime le goût. J'aime plutôt l'esthétique. Je ne sais pas si je peux dire que je suis dépendante ; ce sont des questions que je ne me pose pas. J'aime ça, c'est tout.
Oui, je suis jeune et idiote, je ne me pose pas de questions, et j'attends sans réfléchir 50 piges, lorsque j'aurai la voix brisée, les dents un peu jaunes et déchaussées, peut-être un petit oedème au poumon (je trouve ce mot laid à écrire), lorsque je sentirai la cigarette même sans parler, et que je fumerai dans mon lit le matin.

J'aime enlever la cigarette des lèvres d'Hugo pour l'embrasser, et sentir la fumée qui entre dans ma bouche, un peu.

J'aimais lorsque David me disait : "Arrête de fumer, Viva, ça n'est pas bon pour toi." Et qu'il tirait une bouffée sur sa cigarette, doucement, la cigarette qui paraissait si fragile entre ses doigts fins. Il avait vraiment des mains très belles, un peu, comme dit le cliché, des "mains de pianistes". Il n'aimait pas ses mains, il les trouvait trop féminines. Moi j'aimais ça.

J'écoute "le Vent l'emportera" de Noir Désir. Les paroles de Noir Désir m'émeuvent tellement. Tant de mots, de richesse, ça fourmille dans tous les sens, le texte est porté par la musique, le texte porte la musique, il n'y a pas le temps de s'ennuyer, de se demander : "Mais ça fait pas un peu cliché ça? Oh et puis tant pis, j'aime ça". Non, tout est si riche dans cette musique.

En fait, je ne sais pas si j'arrive à assumer, en ce moment. Assumer quoi, je ne sais pas. Assumer, mes actes, peut-être. Assumer... les gens. Assumer la nouveauté. M'assumer. Pourtant je ne me déteste pas, je cohabite très bien avec moi-même. Non, pas cohabiter. Je est avec je, très bien. Mon je est avec lui-même.

Il y a tellement de branches de vies partout qui viennent à moi...



Ecrit par Viva, le Samedi 23 Octobre 2004, 22:20 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Majandra
Majandra
02-11-04 à 08:53

Ton article m'a mis la larme a l'oeil, surtout le pasage où tu parles de ta mère... est ce que c'est le contexte, chez moi toute seule avec une musique triste en fond sonore, je sais pas... J'aime beaucoup ton joueb, je te met dans mes liens. a bientôt

 
Viva
Viva
03-11-04 à 20:20

Re:

Merci beaucoup, Majandra.
A vrai dire, cela m'avait fait étrange que personne ne réagisse à cet article, qui est sans doute un des plus "profonds" que j'aie écrit... Ce n'est pas que du récit, c'est un mélange de souvenirs, de réflexions, de sensations...
Merci de m'avoir mise dans tes liens ; tiens, j'irai faire un tour chez toi.
A bientôt :)