Arrête.
Ca n'est pas possible. Non. Ca ne se peut pas. Pas lui. Pourquoi? Pourquoi tu m'as fait ça? J'y croyais tellement, à notre bonheur, toi le tien, moi le mien.
Elle ne te suffisait pas? Elle était jolie, intelligente, douce, pourtant, malgré ce que j'ai pu médire à son propos.
Je...
David a fait une tentative de suicide. Il est à l'hôpital.
J'ai eu sa mère au téléphone.
Il s'est ouvert les veines.
Si elle ne s'était pas levée à 3h du matin pour aller se chercher un verre d'eau, elle ne l'aurait pas trouvé dans la salle de bain, le poignets ensanglantés, plongés dans une bassine d'eau chaude. L'eau chaude empêche de coaguler.
David a fait une tentative de suicide. Il a voulu mourir. Il a voulu se tuer. Se tuer. Lui-même. Se tuer.
C'est trop fort, pour moi. Je n'arrive pas à supporter. Comme je l'ai lu quelque part, il me semble que c'est un titre de chanson, ma mémoire est un scaphandrier qui suffoque.
Je suffoque.
Putain, pourquoi est-ce qu'il a fait ça?...
Sa mère vient de m'appeler. Sa voix tremblait au bout du téléphone, je ne l'avais jamais entendue comme ça. Je sentais toutes les larmes dans sa voix.
" David a fait une tentative de suicide."
Elle m'a dit qu'elle avait trouvé à côté de lui une feuille de papier, sur laquelle il y a avait écrit, mot pour mot :
"Viva, je t'aime. Pourquoi tu n'es pas là...? Je me fous du reste sans toi."
Ca.
Il avait écrit ça.
C'est à cause de moi. Parce que moi. Parce qu'il n'y a plus de "nous". Il s'est tué. Il a voulu le faire. Il n'est pas mort, mais pour moi c'est tout comme. Il a attenté à sa vie parce qu'il m'aimait.
Parce qu'il m'aime toujours.
Mais pourquoi...? On ne devrait pas avoir mal d'amour. On ne devrait pas se faire du mal à soi-même parce qu'on aime.
Surtout qu'en se faisant du mal à soi, on en fait aussi aux autres.
Je me sens effondrée de l'intérieur. Une partie détruite. Quelque chose de cassé.
Je n'arrive pas.
Je ne réalise pas.
Je ne sais même plus qui, quoi. Putain.
C'est moi, moi, moi, qui suis à l'origine de cela.
Je ne l'ai pas voulu, j'vous jure. Je me sens comme une coupable sur le banc des accusés.
En faisant cela, il m'accuse d'une certaine façon de... ne pas l'aimer. De ne plus l'aimer.
Est-ce que j'ai été trop lointaine avec lui?
Je l'ai appelé il y a une semaine, il semblait heureux, sa copine était là ; je n'ai pas fait attention à déceler de l'artificialité ou non dans sa voix.
Je me rappelle.
Il a dit alors une chose, avant de raccrocher, en riant, je ne sais plus pourquoi. Nous plaisantions, on parlait de la mégalomanie, il jouait à être "Monsieur il rei del mondo", Monsieur le roi du monde, et j'avais répliqué : "Moi, tout le monde m'appartient, tout est à moi", en éclatant de rire, j'entrais dans son jeu, c'était léger.
Et il avait répondu : "De toute façon, je serai toujours à toi", sur un ton léger, aussi, qui m'avait paru complètement anodin, sur le moment. Je n'avais pas relevé.
Mais à présent, je comprends. Je m'en souviens.
Comédie des sourires, pour cacher tout le reste.
L'humour est la politesse du désespoir, a dit Oscar Wilde.
David, pourquoi tu t'es caché dans l'humour, hein, David, dis-moi pourquoi...?
C'est trop, c'est trop.
J'ai trop mal.
Quelque chose à l'intérieur de moi écrase tout le reste, comme un énorme rocher, très lourd, qui compresserait tout moi, en-dessous de son énorme masse.
Je n'ai plus de place pour moi-même.
Je pense à lui, à lui, à lui.
Je n'ai même pas la force d'appeler Hugo.
Je ne veux pas le bouffer, avec cette histoire. Oui, le bouffer, ce mot vulgaire. Parce que vraiment, cette histoire me bouffe, elle m'avale sans mâcher, presque crue, comme ça, entre les lèvres enflées, sans respirer, j'étouffe, j'étouffe, j'étouffe. J'en peux plus.
Je sens une larme qui coule de mon oeil. Même pas libératrice, la larme. Une, puis deux. Larmes qui font encore plus mal.
Je ne suis que douleur.
Ma vie est une onde sismographe, haut, bas, très haut, très bas. La chute n'en est que plus dure.
Le versant sentimental m'absorbe totalement, j'en viens presque à oublier tout le reste.
David, David, David, David.
Pourquoi tu as fait ça? POURQUOI ?
J'ai envie de m'effacer la mémoire, j'ai envie de tout oublier.
Et en même temps, je veux savoir, je veux connaître. Je veux savoir ce que c'est que cette souffrance qui monte, qui m'envahit, je veux qu'elle me soit infligée, c'est la vie, Viva, c'est la vie, cette putain de vie qui vient sur toi, tu l'acceptes ou tu perds, à toi de choisir, moi je veux pas accepter mais je ne veux pas perdre non plus, alors je me bats, je marche avec, mais pas la tête baissée, mais pas à contre-courant non plus. Je veux juste savoir.
Je me sens perdue.
Squelette fragile laissé au vent, qui ronge, qui ronge lentement, le sel de la mer dévore les os petit à petit, attention, petite, tu vas prendre froid. Range ton squelette.
Reprends ta chair.
Cette chair que David a entaillée, pour mettre fin à ses jours. A sa souffrance. Pour mettre fin à lui-même. A lui. Lui.
Je n'arrive pas.
Putain, qu'est-ce que j'ai mal.
Elle ne te suffisait pas? Elle était jolie, intelligente, douce, pourtant, malgré ce que j'ai pu médire à son propos.
Je...
David a fait une tentative de suicide. Il est à l'hôpital.
J'ai eu sa mère au téléphone.
Il s'est ouvert les veines.
Si elle ne s'était pas levée à 3h du matin pour aller se chercher un verre d'eau, elle ne l'aurait pas trouvé dans la salle de bain, le poignets ensanglantés, plongés dans une bassine d'eau chaude. L'eau chaude empêche de coaguler.
David a fait une tentative de suicide. Il a voulu mourir. Il a voulu se tuer. Se tuer. Lui-même. Se tuer.
C'est trop fort, pour moi. Je n'arrive pas à supporter. Comme je l'ai lu quelque part, il me semble que c'est un titre de chanson, ma mémoire est un scaphandrier qui suffoque.
Je suffoque.
Putain, pourquoi est-ce qu'il a fait ça?...
Sa mère vient de m'appeler. Sa voix tremblait au bout du téléphone, je ne l'avais jamais entendue comme ça. Je sentais toutes les larmes dans sa voix.
" David a fait une tentative de suicide."
Elle m'a dit qu'elle avait trouvé à côté de lui une feuille de papier, sur laquelle il y a avait écrit, mot pour mot :
"Viva, je t'aime. Pourquoi tu n'es pas là...? Je me fous du reste sans toi."
Ca.
Il avait écrit ça.
C'est à cause de moi. Parce que moi. Parce qu'il n'y a plus de "nous". Il s'est tué. Il a voulu le faire. Il n'est pas mort, mais pour moi c'est tout comme. Il a attenté à sa vie parce qu'il m'aimait.
Parce qu'il m'aime toujours.
Mais pourquoi...? On ne devrait pas avoir mal d'amour. On ne devrait pas se faire du mal à soi-même parce qu'on aime.
Surtout qu'en se faisant du mal à soi, on en fait aussi aux autres.
Je me sens effondrée de l'intérieur. Une partie détruite. Quelque chose de cassé.
Je n'arrive pas.
Je ne réalise pas.
Je ne sais même plus qui, quoi. Putain.
C'est moi, moi, moi, qui suis à l'origine de cela.
Je ne l'ai pas voulu, j'vous jure. Je me sens comme une coupable sur le banc des accusés.
En faisant cela, il m'accuse d'une certaine façon de... ne pas l'aimer. De ne plus l'aimer.
Est-ce que j'ai été trop lointaine avec lui?
Je l'ai appelé il y a une semaine, il semblait heureux, sa copine était là ; je n'ai pas fait attention à déceler de l'artificialité ou non dans sa voix.
Je me rappelle.
Il a dit alors une chose, avant de raccrocher, en riant, je ne sais plus pourquoi. Nous plaisantions, on parlait de la mégalomanie, il jouait à être "Monsieur il rei del mondo", Monsieur le roi du monde, et j'avais répliqué : "Moi, tout le monde m'appartient, tout est à moi", en éclatant de rire, j'entrais dans son jeu, c'était léger.
Et il avait répondu : "De toute façon, je serai toujours à toi", sur un ton léger, aussi, qui m'avait paru complètement anodin, sur le moment. Je n'avais pas relevé.
Mais à présent, je comprends. Je m'en souviens.
Comédie des sourires, pour cacher tout le reste.
L'humour est la politesse du désespoir, a dit Oscar Wilde.
David, pourquoi tu t'es caché dans l'humour, hein, David, dis-moi pourquoi...?
C'est trop, c'est trop.
J'ai trop mal.
Quelque chose à l'intérieur de moi écrase tout le reste, comme un énorme rocher, très lourd, qui compresserait tout moi, en-dessous de son énorme masse.
Je n'ai plus de place pour moi-même.
Je pense à lui, à lui, à lui.
Je n'ai même pas la force d'appeler Hugo.
Je ne veux pas le bouffer, avec cette histoire. Oui, le bouffer, ce mot vulgaire. Parce que vraiment, cette histoire me bouffe, elle m'avale sans mâcher, presque crue, comme ça, entre les lèvres enflées, sans respirer, j'étouffe, j'étouffe, j'étouffe. J'en peux plus.
Je sens une larme qui coule de mon oeil. Même pas libératrice, la larme. Une, puis deux. Larmes qui font encore plus mal.
Je ne suis que douleur.
Ma vie est une onde sismographe, haut, bas, très haut, très bas. La chute n'en est que plus dure.
Le versant sentimental m'absorbe totalement, j'en viens presque à oublier tout le reste.
David, David, David, David.
Pourquoi tu as fait ça? POURQUOI ?
J'ai envie de m'effacer la mémoire, j'ai envie de tout oublier.
Et en même temps, je veux savoir, je veux connaître. Je veux savoir ce que c'est que cette souffrance qui monte, qui m'envahit, je veux qu'elle me soit infligée, c'est la vie, Viva, c'est la vie, cette putain de vie qui vient sur toi, tu l'acceptes ou tu perds, à toi de choisir, moi je veux pas accepter mais je ne veux pas perdre non plus, alors je me bats, je marche avec, mais pas la tête baissée, mais pas à contre-courant non plus. Je veux juste savoir.
Je me sens perdue.
Squelette fragile laissé au vent, qui ronge, qui ronge lentement, le sel de la mer dévore les os petit à petit, attention, petite, tu vas prendre froid. Range ton squelette.
Reprends ta chair.
Cette chair que David a entaillée, pour mettre fin à ses jours. A sa souffrance. Pour mettre fin à lui-même. A lui. Lui.
Je n'arrive pas.
Putain, qu'est-ce que j'ai mal.
Ecrit par Viva, le Dimanche 28 Novembre 2004, 11:37 dans la rubrique Actualités.
Commentaires :
Re:
De lire ça, m'a mit sous le choc !
Autrefois j'avais ce genre de pensée mais je ne suis jamais passé à l'acte..
Je te souhaite beaucoup de courage, très sincèrement et ne tombes pas.
Bisous à vous deux.
Autrefois j'avais ce genre de pensée mais je ne suis jamais passé à l'acte..
Je te souhaite beaucoup de courage, très sincèrement et ne tombes pas.
Bisous à vous deux.
Re: Re:
Merci Annah, pour ce petit soutien...
Le passage à l'acte est quelque chose que je n'arrive toujours pas à réaliser, même en l'ayant ainsi brutalement rencontré...
Bizzzz à toi, merci de tes petits passages réguliers... :)
Le passage à l'acte est quelque chose que je n'arrive toujours pas à réaliser, même en l'ayant ainsi brutalement rencontré...
Bizzzz à toi, merci de tes petits passages réguliers... :)
Re: Cocktail
Merci pour ton mot, il m'a touchée... Ne t'inquiète pas, tu as sur trouver les mots justes...
C'est vrai que découvrir soudain la faille en l'autre, alors qu'on le croyait fort, est quelque chose de terrible...
Bizzz miss cocktail
Au fait, pour le mail, merci beaucoup... C'est juste que mon adresse mail contient mes vrais noms et prénoms, alors j'évite de l'utiliser dans le cadre de ce journal... :)
C'est vrai que découvrir soudain la faille en l'autre, alors qu'on le croyait fort, est quelque chose de terrible...
Bizzz miss cocktail
Au fait, pour le mail, merci beaucoup... C'est juste que mon adresse mail contient mes vrais noms et prénoms, alors j'évite de l'utiliser dans le cadre de ce journal... :)
C'est vrai pas facile de dire quoi que ce soit après avoir lu cet article...
Je tâtonne, désolée... Mais je ne veux pas faire de faux pas, même involontairement...
Donc juste un petit mot pour t'apporter un peu de courage dans cette épreuve...
J'éspère que tu iras mieux...J'éspère qu'il ira mieux...
Je t'embrasse.
Je tâtonne, désolée... Mais je ne veux pas faire de faux pas, même involontairement...
Donc juste un petit mot pour t'apporter un peu de courage dans cette épreuve...
J'éspère que tu iras mieux...J'éspère qu'il ira mieux...
Je t'embrasse.
Re:
Tu ne fais pas de faux pas, bien au contraire...!
Vos petits mots me font toujours plaisir et chaud au coeur, mine de rien...
Oui, j'espère aussi que ça ira mieux, merci pour tes encouragements...
Bizzzz mamzelle
Vos petits mots me font toujours plaisir et chaud au coeur, mine de rien...
Oui, j'espère aussi que ça ira mieux, merci pour tes encouragements...
Bizzzz mamzelle
C'est peut-être bête, on se connait pas et pourtant, je pense te comprendre, au moins un petit peu. J'sais bien que c'est inutile de le dire, et puis que le mal est parfois sans nom. En tout cas, j'espère que tout va s'arranger, comme dans les contes de fée, mais bien sûr, je vois pas quoi ajouter. Et puis, c'est bête aussi, le fait de pas savoir réagir face à cela. Y'a juste à te souhaiter courage, à surpasser le mal... C'est si peu de chose.
Bises,
Pierre de Lune
Re:
J'ai bien aimé ton commentaire, pierredelune...
Justement, n'aie pas peur de dire que tu comprends... c'est bien mieux que si tu affirmais haut et fort ne rien comprendre à mes réactions, n'est-ce pas? :)
Au plaisir de te revoir ici...
Bizzz
Justement, n'aie pas peur de dire que tu comprends... c'est bien mieux que si tu affirmais haut et fort ne rien comprendre à mes réactions, n'est-ce pas? :)
Au plaisir de te revoir ici...
Bizzz
Je laisse rarement des commentaires...
Oui, comme le dit Cocktail, je suis aussi un peu sur des oeufs...
Comment réagir sans maladresse à quelque chose de pareil?
Le suicide est quelque chose de terrible, et je parle en connaissance de cause ; j'y ai aussi été confrontée. (pas moi-même) Je reconnais ce sentiment de destruction intérieure, pas comme une trahison, mais soudain, l'on se retrouve désemparé, si seul(e)...
Il est vraiment difficile de dire quelque chose, je ne veux pas déraper... Je ne peux que t'insuffler un brin de courage, pour faire face à cela. Tiens bon.
Oui, comme le dit Cocktail, je suis aussi un peu sur des oeufs...
Comment réagir sans maladresse à quelque chose de pareil?
Le suicide est quelque chose de terrible, et je parle en connaissance de cause ; j'y ai aussi été confrontée. (pas moi-même) Je reconnais ce sentiment de destruction intérieure, pas comme une trahison, mais soudain, l'on se retrouve désemparé, si seul(e)...
Il est vraiment difficile de dire quelque chose, je ne veux pas déraper... Je ne peux que t'insuffler un brin de courage, pour faire face à cela. Tiens bon.
Re:
Oui, c'est exactement ça, cette sensation ce destruction intérieure... D'effondrement sur moi-même. Tu trouves les mots justes, Feu... merci.
Merci pour ton petit mot de réconfort. Vraiment.
:)
Merci pour ton petit mot de réconfort. Vraiment.
:)
Cocktail
Pas facile de laisser un commentaire après un tel article. Peur des mots de travers dont on ne se rend pas toujours compte, je marche un peu sur des oeufs, mais j'essaye quand même de mettre un petit mot.
Même si je crois que je ne peux pas vraiment me mettre à ta place, je pense pouvoir compendre, rien qu'un petit peu... C'est sur que ça fait mal de découvrir que le "bonheur" des autres n'est qu'une façade à un profond désespoir...
Je sais que c'est un peu banal, mais si tu as besoin de parler, je suis là...
Cocktail ( tite_cocktail @ hotmail.com)