Destruction massive
Bip, bip, bip...
Ce bip, c'est plusieurs choses, pour moi, en ce moment.
Le bip de mon portable qui s'allume ; Hugo ne comprend pas, cela fait deux jours que je ne l'ai pas appelé.
Le bip du fil qui maintient David en réanimation ; il chuté dans le couloir mecredi, arrêt soudain de sa respiration, on ne sait pas pourquoi. Il a passé la nuit et la journée suivante avec un masque à oxygène sur le visage. Les perfusions dans son bras. A présent, il respire sans. Il est sorti.
Je l'ai croisé samedi dans le métro, ça m'a fait un choc.
- David?
Dans le métro, lui, debout, le visage un peu enfoui dans son col redressé, cheveux un peu drus, toujours aussi pâle.
Je n'assume pas d'avoir fait l'amour avec lui.
Parce que justement, nous avons fait l'amour. Nous n'avons pas couché ensemble à l'hôpital. Nous y avons fait l'amour. Il y a eu du sentiment.
Et c'est ça que je n'arrive pas à admettre. Je suis avec Hugo, que j'aime. Je l'aime tellement. Et c'est mal, c'est mal... je suis atroce. Déchirée. Oui, j'ai lu ce qu'avait écrit Wlad à propos de mes écrits, sur son blog. Ca m'a énormément touchée. Ce suicide était en effet une manière de m'accuser, égoïste, une façon d'essayer de m'avoir à nouveau. Pas s'effacer pour laisser l'autre vivre, non, au contraire, s'imposer à nouveau par la voie de la "presque-mort".
Je ne sais pas quel sentiment il y a eu. Si c'était un amour que je ressens actuellement, ou des relents, des bribes d'un passé qui n'est plus, mais auquel je me raccroche, car David me place soudain, brutalement, sous les yeux. Voilà, c'est ça, parce que c'est un passé qui vit encore, puisque David m'aime toujours.
J'ai comme le sentiment de tourner en rond.
Il semble ne pas y avoir d'issue.
Il faut que je cesse de me laisser happer.
Hugo m'aime.
Je suis parfois immonde ; j'ai fait l'amour avec David, je ne l'ai pas dit à Hugo, je ne lui ai pas dit, je ne lui ai pas dit, je ne lui ai pas dit. Pas dit. Pas dit. Je l'ai vu à la fac mercredi. Jeudi, pas cours. Vendredi, nous avions un DST, on s'est à peine parlé, entre la dissert et les discussions avec tout le monde ensuite. Après, je suis vite partie, je devais aller faire les courses avec Esther.
Je suis lâche.
Mais bon sang, ça m'a fait mal lorsqu'il m'a dit, tout souriant, qu'il avait revu son ex jeudi après-midi.
"Elle est tellement sympa, c'est fou comme elle a changé."
Mais cette phrase sonnait à la fois très vrai, très naturelle, et en même temps... Comme s'il sentait quelque chose. Il a su que j'étais allée voir David, mardi. Je crois qu'il a senti quelque chose. Oui. Donc, cette phrase était comme s'il avait voulu me montrer que lui aussi, il avait des liens avec le passé, lui aussi, il pouvait réactualiser le passé, lui aussi, il pouvait être intéressé par des gens, et des gens pouvaient s'intéresser à lui.
C'est absurde.
Si nous continuons comme cela, nous allons nous faire du mal.
Je lui en déjà fait sans qu'il le sache.
Je ne pourrai pas lui dire.
Comment?...
Comment ai-je pu faire cela? Comment ai-je pu retrouver le corps de David, cette étreinte soudaine, l'abandon de moi-même dans ses bras?...
Quelle excuse, hormis la faiblesse soudaine, la nostalgie d'un bonheur parti, effacé, le désir soudain de retrouver un peu de ce qui n'est plus?
Il va avoir tellement mal.
Le mal se propage de David à moi, de moi à Hugo.
Je ne voulais pas qu'il souffre. Je ne voulais pas que David lui fasse mal.
Et là, c'est moi qui lui fais mal. Qui vais lui infliger la douleur la pire.
C'est-à-dire lorsque l'autre vous trompe, pour retourner sans le vouloir, momentanément, vers celui qu'il a aimé, vers ce passé qui le rattrappe, lorsqu'il devient trop faible pour maîtriser.
Alors, on se sent si petit. Si seul. Si détruit.
Arme de destruction massive.
Et j'ai recroisé David, donc.
Dans le métro. Le premier mot qu'il m'a dit : "Tu ne m'aimes toujours plus?..."
Je l'ai giflé. De toutes mes forces.
Il est resté, la tête tournée sur le côté, les yeux fermés, la main sur sa joue, dans la rame vide. Ca m'a fait mal de le voir comme ça, et en même temps... du bien. C'est terrible, est-ce que j'éprouverais à mon tour le plaisir de faire souffrir l'autre, comme il semblerait qu'il l'éprouve lui-même?...
Mon portable sonne. Hugo m'appelle. Je vais décrocher.
Ce bip, c'est plusieurs choses, pour moi, en ce moment.
Le bip de mon portable qui s'allume ; Hugo ne comprend pas, cela fait deux jours que je ne l'ai pas appelé.
Le bip du fil qui maintient David en réanimation ; il chuté dans le couloir mecredi, arrêt soudain de sa respiration, on ne sait pas pourquoi. Il a passé la nuit et la journée suivante avec un masque à oxygène sur le visage. Les perfusions dans son bras. A présent, il respire sans. Il est sorti.
Je l'ai croisé samedi dans le métro, ça m'a fait un choc.
- David?
Dans le métro, lui, debout, le visage un peu enfoui dans son col redressé, cheveux un peu drus, toujours aussi pâle.
Je n'assume pas d'avoir fait l'amour avec lui.
Parce que justement, nous avons fait l'amour. Nous n'avons pas couché ensemble à l'hôpital. Nous y avons fait l'amour. Il y a eu du sentiment.
Et c'est ça que je n'arrive pas à admettre. Je suis avec Hugo, que j'aime. Je l'aime tellement. Et c'est mal, c'est mal... je suis atroce. Déchirée. Oui, j'ai lu ce qu'avait écrit Wlad à propos de mes écrits, sur son blog. Ca m'a énormément touchée. Ce suicide était en effet une manière de m'accuser, égoïste, une façon d'essayer de m'avoir à nouveau. Pas s'effacer pour laisser l'autre vivre, non, au contraire, s'imposer à nouveau par la voie de la "presque-mort".
Je ne sais pas quel sentiment il y a eu. Si c'était un amour que je ressens actuellement, ou des relents, des bribes d'un passé qui n'est plus, mais auquel je me raccroche, car David me place soudain, brutalement, sous les yeux. Voilà, c'est ça, parce que c'est un passé qui vit encore, puisque David m'aime toujours.
J'ai comme le sentiment de tourner en rond.
Il semble ne pas y avoir d'issue.
Il faut que je cesse de me laisser happer.
Hugo m'aime.
Je suis parfois immonde ; j'ai fait l'amour avec David, je ne l'ai pas dit à Hugo, je ne lui ai pas dit, je ne lui ai pas dit, je ne lui ai pas dit. Pas dit. Pas dit. Je l'ai vu à la fac mercredi. Jeudi, pas cours. Vendredi, nous avions un DST, on s'est à peine parlé, entre la dissert et les discussions avec tout le monde ensuite. Après, je suis vite partie, je devais aller faire les courses avec Esther.
Je suis lâche.
Mais bon sang, ça m'a fait mal lorsqu'il m'a dit, tout souriant, qu'il avait revu son ex jeudi après-midi.
"Elle est tellement sympa, c'est fou comme elle a changé."
Mais cette phrase sonnait à la fois très vrai, très naturelle, et en même temps... Comme s'il sentait quelque chose. Il a su que j'étais allée voir David, mardi. Je crois qu'il a senti quelque chose. Oui. Donc, cette phrase était comme s'il avait voulu me montrer que lui aussi, il avait des liens avec le passé, lui aussi, il pouvait réactualiser le passé, lui aussi, il pouvait être intéressé par des gens, et des gens pouvaient s'intéresser à lui.
C'est absurde.
Si nous continuons comme cela, nous allons nous faire du mal.
Je lui en déjà fait sans qu'il le sache.
Je ne pourrai pas lui dire.
Comment?...
Comment ai-je pu faire cela? Comment ai-je pu retrouver le corps de David, cette étreinte soudaine, l'abandon de moi-même dans ses bras?...
Quelle excuse, hormis la faiblesse soudaine, la nostalgie d'un bonheur parti, effacé, le désir soudain de retrouver un peu de ce qui n'est plus?
Il va avoir tellement mal.
Le mal se propage de David à moi, de moi à Hugo.
Je ne voulais pas qu'il souffre. Je ne voulais pas que David lui fasse mal.
Et là, c'est moi qui lui fais mal. Qui vais lui infliger la douleur la pire.
C'est-à-dire lorsque l'autre vous trompe, pour retourner sans le vouloir, momentanément, vers celui qu'il a aimé, vers ce passé qui le rattrappe, lorsqu'il devient trop faible pour maîtriser.
Alors, on se sent si petit. Si seul. Si détruit.
Arme de destruction massive.
Et j'ai recroisé David, donc.
Dans le métro. Le premier mot qu'il m'a dit : "Tu ne m'aimes toujours plus?..."
Je l'ai giflé. De toutes mes forces.
Il est resté, la tête tournée sur le côté, les yeux fermés, la main sur sa joue, dans la rame vide. Ca m'a fait mal de le voir comme ça, et en même temps... du bien. C'est terrible, est-ce que j'éprouverais à mon tour le plaisir de faire souffrir l'autre, comme il semblerait qu'il l'éprouve lui-même?...
Mon portable sonne. Hugo m'appelle. Je vais décrocher.
Ecrit par Viva, le Lundi 20 Décembre 2004, 00:04 dans la rubrique Actualités.
Commentaires :
Re:
Merci, Anonyme... J'aurais bien aimé savoir qui se cache derrière cet anonymat?...
Oui, évidemment, David est jaloux, et a tenté de me ramener à lui. J'ai cedé, je n'ai pas su être forte... Je me suis un peu fustigée moi-même, mais dans ces moments-là, on en peut que s'en vouloir.
Tu as vu juste, David était un morceau de passé rassurant, comme si j'avais eu peur de découvrir ce que l'avenir me réservait, alors, je me suis plongée à corps perdu dans le passé, comme un cocon rassurant... mais destructeur.
Alors, je tente de me reconstruire ailleurs.
Au plaisir de te revoir ici!
Re: encore une fois...
Merci...
C'est fou, que ce qui m'arrive touche autant autrui... Je ne pensais pas...
Merci Dana :)
C'est fou, que ce qui m'arrive touche autant autrui... Je ne pensais pas...
Merci Dana :)
ne sois pas aussi sévère avec toi-même... tu ne peux pas renier l'amour que tu as eu (que tu as?) pour David... cette tentative de suicide était un appel au secours mais aussi une manière de te ramener à lui... peut-être est-il jaloux de ton histoire avec Hugo... une si belle histoire...
Faire l'amour avec David c'était rassurant... un corps qu'on connaît... avec Hugo... tout est à découvrir... tu l'aimes Viva ca se sent, pourquoi ne pas donner une chance à cette histoire ?
courage... tu mérites d'être heureuse !