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Réapprendre

C'est drôle, j'ai lu un blabla chez Envole-moi qui disait, texto : "Cé bo mais cé niais...". Ce qui me fait me dire qu'en lisant mes écrits, on peut actuellement penser la même chose.
Non, ce n'est pas une Viva triste, perdue, détruite, morte de l'intérieur, qui écrit. Tout simplement une Viva heureuse.

Parce que voilà, elle redécouvre la vie et sa simplicité, Viva. Elle redécouvre l'approche lente de l'autre. Elle se redécouvre elle-même.

Samedi soir, fête d'une bonne partie des étudiants de mon TD de lettres (au moins 40 personnes sur 60), chez une Sandra, une fille de ce TD, avec laquelle je m'entends très bien.
Musique, alcool et clope à profusion, ambiance ultra chaleureuse dans l'immense appart. Chacun vogue de groupe en groupe, discute, rit, danse un peu, alternant lieux remplis de monde, et petits coins intimes, où la masse humaine est un peu plus éparse. Entre le grand salon-salle à manger, la cuisine, le petit salon design, à l'ambiance orientalisante, les quelques chambres, le couloir où on dépasse en riant un couple qui s'embrasse...

J'affectionne tout particulièrement ce genre d'ambiance de fête, où tout le monde est à l'aise, heureux ; où il y a suffisamment de monde pour ne pas se sentir épié au moindre de geste, et où il y a juste ce qu'il faut pour ne pas se sentir étouffé et écrasé.

Je discute avec des gens de la fac, que je connaissais pas vraiment, avec d'autres, des potes, un joyeux mélange de tout ça. Entre autres, Eloi, avec son jean troué, son sourire chaleureux et son humour stupide mais tellement drôle, Natacha, qui fait aussi du russe à côté, bien plus cultivée que ce je pensais, et vraiment sympathique, Pierre, un peu dans sa bulle, et, lorsqu'il est passablement défoncé, sort des théories sur la vie... qui s'avèrent très belles, et très poétiques.
J'ai passé une heure, deux heures à discuter avec ces trois-là plus particulièrement, de tout, n'importe quoi, de sujets profonds, d'anecdotes marrantes, le tout entrecoupé de quelques blagues plus ou moins fines, et de bons fous rires...
Les canettes et les joints qui tournent, tous joyeux, quelque chose qui pétille au fond des yeux, et un courant qui passe...

Je me promène aussi dans l'appart, échangeant quelques mots rigolos, parlant plus longuement avec certains. Je m'aperçois avec surprise que la plupart des gens m'apprécient, on m'acueille au sein des petits groupuscules avec une chaleur et une gaité particulière : "Aaaah, mais voilà Viva!" "Hey, tu veux quelque chose à boire?" "Tiens, Viva! Ah, c'est chouette que tu sois là! Alors, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, voici Viva..."
Certains que je ne connaissais que de vue, n'ignorent pas mon identité, ils ont même des choses à dire sur moi, ils m'aiment bien, parce ci et ça... Tiens, je ne savais pas. Je suis connue dans toute cette foule, je ne sais pas trop pourquoi, peut-être mon côté communicatif...
Je me sens bien.

Et puis surtout, il y a Hugo, qui est là, aussi. Il discute avec des gens, me regarde... Nos regards qui se croisent, et se décroisent, un sourire complice. La petite étoile dans son regard lorsque nous nous faisons la bise, sa main sur ma taille tandis que mes lèvres effleurent un cout instant sa joue...

Parfois, nous nous retrouvons dans le même groupe de discussion, et c'est tout un chassé-croisé de frôlements involontaires mais tout de même provoqués, les yeux qui se fixent, à celui qui tiendra le plus longtemps, puis l'on feint de regarder ailleurs...
Jeu délicieux, je plane, je suis ici, loin, dans le pays du bonheur, quelque part...


Et finalement, vers 3h, 4h, on s'en va peu à peu, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une quinzaine.
Au revoir, salut, à demain pour tel TD, à la semaine prochaine, ah bon, tu ne peux pas venir?... Alors see you, c'était sympa de parler avec toi...
Eloi me serre la main en riant, façon faux gentleman, puis me fait affectueusement la bise, je fourrage un coup dans ses cheveux roux en fouilli sur sa tête... Natacha s'en va aussi, elle va rejoindre son copain dans une autre fête... "On reprend bientôt nos discussions, hein?" Pierre est déjà loin, au fond d'un sofa, avec 4 ou 5 joints dans la tête, il plane quelque part entre la Terre et un Ailleurs où "les oiseaux volent avec des comètes attachées aux plumes, tu sais, pour aller plus vite... Star, moon, ouais, ça cartoon, plus vite, étoile intergalactique... Putain, je fais même des rimes, Viva..."
Sandra tient à peine debout, elle rit, sa fête est réussie, cette ambiance si géniale...

On pense à la répartition pour dormir, quelqu'un propose qu'on squatte les lits à deux, trois, voire quatre "mais pas pour partouzer, hein...". On que le joint a fait son effet.
Certains sont déjà effondrés sur les lits, peu à peu les chambres se remplissent.

Restent ceux qui ont mis un peu de temps à aller se coucher, dans le salon. On est cinq-six, Sandra, Greg, avec lequel j'ai eu un drôle de délire sur les crevettes, Elodie, très marrante et complètement défoncée, deux autres types avec lesquels j'ai un peu discuté durant la soirée, Hugo, et moi...
C'est un peu l'anarchie, on étale par terre quelques vieux matelas et des coussins, entre les assiettes en carton et les bouteilles vides, quelques chips, les cendriers remplis, allez, on pose tout ça, et on s'affale, un peu n'importe comment, le but est de trouver un peu de place pour six sur deux matelas et demi... (les coussins, hum)

Je me retrouve la tête contre le dos d'Hugo, à côté de moi dors déjà comme une marmotte Elodie.
Dans une joyeuse pagaille, chacun trouve peu à peu le sommeil, après quelques blagues, quelques jets de coussins, Greg qui hurle une dernière fois : "VIVE LA CREVEEEETTE", et un des deux mecs qui fume un joint, allongé sur le dos, comme un gisant.

Et puis...
Mon front est posé contre le dos d'Hugo, je sens sa respiration, doucement... Elodie s'est un peu desserrée de moi, j'ai plus de place, alors je m'écarte un tout petit peu d'Hugo. Je le sens faire un mouvement, il tourne la tête vers moi, se met sur le dos, et dit doucement, les yeux fermés, un sourire léger sur les lèvres : "Ah, c'est toi Viva..." je sais qu'il savait que c'était moi...

Greg repire bruyamment à côté d'Elodie...
Je ris : "Il peut pas s'arrêter celui-là?"
Hugo me répond : "Je vais remédier à ça". Il se met sur son côté, se penche un peu par-dessus moi et Elodie, pour atteindre Greg. Son torse est au-dessus moi, presque devant mmon visage. Il rit doucement en secouant un peu Greg qui ronchonne dans son sommeil... Je vois ses muscles qui sont tendus pour se soutenir tandis qu'il lui donne une bourrade amicale. Et j'entends quelque chose à l'intérieur de sa poitrine, quelque chose qui bat vite, son coeur... Je sens le mien qui s'accélère soudain...

Il se replace, en riant toujours. Cette fois-ci, il est sur le côté, tourné vers moi.
"Bonne nuit Viva... Pas trop bu?
- Non, ça va... Suffisamment pour voir ce qu'il y a autour de moi...
- Tu me vois, là?
- Mais non... (je ris doucement) On est dans le noir...
- Oui... Moi, je sais que t'es là. Je te sens.
(j'ai l'impression que mon coeur bat à cent à l'heure)
Il tend sa main, "Attends, tu es où?..." et tente de toucher mon épaule. Je sais qu’il sait que ce n’est qu’une feinte, pour masquer un geste désiré… Un faux mouvement malhabile, qui en cache un autre, entièrement pensé, entièrement senti, voulu. Il ne réussit qu'à palper le vide, "J'ai trop fumé ou quoi ?", mais je me suis malicieusement aplatie sur le ventre pour lui faire rater son coup... On se marre tous les deux, comme deux ados de 14 ans...

Et puis, sa main atteint mon visage, un peu maladroitement, comme un avion qui a du mal à atterir. "Oups, j'ai failli t'éborgner..." dit-il en étouffant un rire, un rire, qui n’en est pas vraiment un. Un rire sourire, un rire émotion. Je le sens tressaillir un peu, puis rester…
Je réponds, juste : "Non. Ne t'inquiète pas."

Alors, je sens sa main qui prend soudain conscience qui ma joue est vraiment là, sous ses doigts, à lui...
Je n'entends que son souffle parmi celui des autres. Sa poitrine, presque contre la mienne, qui se soulève lorsqu'il respire.
Ses doigts frôlent lentement ma peau, timidement...
Nos deux respirations accrochées l’une à l’autre, en cet instant qui a un goût d’absolu, un goût d’éternité… Peu importent les autres qui dorment à côté de nous, je m’en fous, d’eux, mais qu’est-ce que je m’en fous… Et sa main qui descend lentement le long de ma joue, et remonte peu à peu.
Je me sens comme une jeune fille qui connaît ses premiers émois amoureux.

Sa simple main me procure beaucoup de plus de sensation que n’importe quelle autre caresse, que n’importe quel baiser, elle frôle ma joue, caresse du bout des doigts ma peau devenue brûlante, j’ai l’impression que mon cœur va s’arrêter, là, tout de suite.
Et ses doigts qui font de petits cercles sous mon oreille, qui effleurent le coin de mon œil, s’emmêlent un instant avec une mêche de cheveux… Je ferme les yeux, je ferme si fort les yeux, je veux sentir, encore et encore, ne sentir que cette main par laquelle tout passe, tellement fort, tellement bien.
Cette main, c’est comme si elle me murmurait soudain tous les plus beaux mots qui soient, elle mêle tendresse infinie, et tension légère de la timidité présente, par le frôlement des deux peaux, l’une contre l’autre, comme nous le sommes.

Je m’oublie dans cette caresse.

Mais un des deux types bouge soudain dans son sommeil, il se réveille brusquement en parlant un peu : « Ouaaah, il est quelle heure ??? »
Ce à quoi Hugo répond : « L’heure de dormir… Allez, rendors-toi. »
Hugo a retiré très vite sa main de ma joue.
L’autre se rendors quasiment aussitôt, nous laissant une nouvelle fois seuls éveillés.

On se regarde dans le noir, sans se voir vraiment, mais je sais qu’il a les yeux ouverts, je le distingue dans la pénombre.
Il
rit un peu, moi aussi, complices. Ce rire que l’on a, lorsque l’on est heureux de l’instant partagé, mais qui n’a pu s’achever. Le rire de « bonheur, avec trois points de suspensions, jusqu’à la prochaine fois ». Le rire où l’on sait ce que pense l’autre, on l’a vu, constaté, et cette connaissance est encore mise en suspens, délicieux suspens…

Peu à peu, nous nous endormons, ma tête presque contre son torse, et son cœur que j’entends toujours battre aussi fort.


Au matin, le voir endormi… Sensation merveilleuse, le voir abandonné, contre moi, la main posée sur mon bras. Autour de nous, on s’agite.
Tout le monde un peu comateux, Pierre qui plane déjà, le joint au bec, la gueule enfarinée, Sandra qui a du mal à tenir sur ses jambes mais qui rit toujours, et d’autres qui émergent, plus ou moins éveillés, plus ou moins en forme. « Ambiance-des-déphasés-du-matin », dit Greg. Mais toujours cette chaleur sympathique, le souvenir de la fête dans nos tête…
Tiens, un couple qui n’existait pas hier, dort enlacé dans un sofa… Ici et là, c’est à celui qui rassemble ses affaires, celle qui boit lentement son café noir, celle qui se trémousse déjà sur la Mano Negra, et celui qui s’esclaffe en débitant des remarques dénuées de sens, mais excusables, car matinales… Petit bonheur du matin, tous ensemble.

Hugo et moi sur la table de la salle à manger, au milieu de la quinzaine de joyeux drilles aux cernes de 3 centimètres de profondeur… Regards, sourires, je me sens si bien…

Je quitte l’appartement de Sandra, après avoir dit au revoir à tout le monde… Hugo m’embrasse doucement sur la joue que je tends vers lui… Je le fixe un court instant, j’ai envie de faire passer toute la tendresse que j’ai pour lui, toute la force de mes sentiments à travers ce regard, sans trop en dire, juste suggérer… Cette suggestion si douce, si légère et belle…
Il prend mon regard, simplement, m’en rend un, bien à lui, cet air mutin, doux et immense, profond, qui lui est propre…

Savoir goûter la vie…

J’aime tant cela.

Ecrit par Viva, le Mardi 11 Janvier 2005, 20:18 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Majandra
Majandra
11-01-05 à 20:53

Le premier qui trouve ça niais je lui en décolle une...
C'était très joli, tu m'as fait trembler, ralentir ma respiration jusqu'a presque l'arrêter et la crisper...
C'est joli Hugo et Viva... J'aime bien votre histoire, et tu as bien raison de profiter, j'imagine ce que tu dois ressentir de le vivre, par rapport a moi qui me sens toute retournée rien que de le lire...

 
Viva
Viva
16-01-05 à 18:15

Re:

Merci, vraiment, Majandra... C'est si agréable, ces instants du début, où tout n'est qu'éphémère...
Oui, comme je le disais il y a  peu, peut-être mes écrits touchent-ils car ils peuvent arriver à tout le monde. On a tous besoin d'amour, comme dirait la chanson... ;) (j'ai vu dans ton dernier article que toi aussi?...)

 
Lunatic
Lunatic
11-01-05 à 21:04

superbe! j'aime cette sensation que tout est possible, mais cette pudeur... j'adore ces débuts de relation... on ne sait pas jusqu'ou on a le droit d'aller et un seul geste vous procure tout le bonheur du monde!

he découvre et j'aime beaucoup, je reviendrai!
bisous bisous


 
Viva
Viva
16-01-05 à 18:17

Re:

Merci beaucoup, Lunatic! Tu as trouvé le mot exact : c'est ça, cette pudeur. On ne veut pas aguicher crûmlent l'autre, ni s'exhiber ; tout se joue dans la subtilité... Oui, une esquisse de geste semble transporter très loin!
Contente que tu apprécies! :)
Bizz à toi!


 
Cocktail
Cocktail
11-01-05 à 21:08

Alors là, tout à fait d'accord avec Majandra.
C'est vraiment hallucinant, mais quand je te lis, je vis presque en même temps que toi... Enfin, ces émotions, tellement bien décrites. Ces sensations. Oui, j'imagine tout. Et je trouve ça magique.

Alors que celui qui trouve ça niais, non franchement. Peut-être parce que c'est décrit. Mais je plains celui (ou celle) qui ne vivra jamais des moments pareils.... Enfin, je n'arrive pas à m'exprimer, alors je m'arrête ici...

Bizoux

 
donatella
donatella
12-01-05 à 13:05

Re:

"C'est vraiment hallucinant, mais quand je te lis, je vis presque en même temps que toi... Enfin, ces émotions, tellement bien décrites. Ces sensations. Oui, j'imagine tout. Et je trouve ça magique."

rien n'a redire, cocktail a tout dit


 
Etoile-Filante
Etoile-Filante
12-01-05 à 13:24

Re: Re:

C'est tout simplement magnifique ce que tu as écris...

 
Viva
Viva
16-01-05 à 18:22

Re: Re: Re: Etoile-Filante

... :) Que dire, à part sourire?

 
Viva
Viva
16-01-05 à 18:21

Re: Re: Donatella

Je ne vais pas à mon tour répéter la réponse au commentaire de Cocktail...
J'ai l'impression de dire merci depuis le début de mes réponses, mais je le dis, une fois de plus : c'est assez émouvant, toutes ces marques d'appréciations...
:) Bizz à toi!

 
Viva
Viva
16-01-05 à 18:20

Re: Cocktail

Je vais vraiment rougir... Ca me touche, tous ces commentaires. Le premier paragraphe du tien m'a mis un sourire immense jusqu'aux oreilles! Si j'arrive à exprimer ces moments, c'est parce qu'ils m'atteignent au plus profond de moi-même, et en même temps sont comme... universels. Ca pourrait être la vie de n'importe qui.
Merci Cocktail, pour ton joli comm'!

 
envole-moi
envole-moi
12-01-05 à 13:21

C'est beau, vraiment beau. Comme les autres, j'ai cette sensation de vivre tes instants à travers tes mots, merci de nous faire partager tout ça. Et, non, ce n'est vraiment pas niais. Enfin je ne suis pas très objective puisque "niaise" moi-même...

Plein de sourires pour toi, profite des ces instants, si précieux, qui valent tous les autres. :)

 
Viva
Viva
16-01-05 à 18:24

Re:

C'est drôle, parce que je ressens la même chose en lisant tes écrits... (en lisant les écrits de beaucoup d'autres qui ont laissé des mots ici, j'en profite pour le dire au passage). Je te retourne le merci. J'adore lire ces bribes de vie, qui, peu à peu, évoluent, où tout paraît si complexe et si simple, et où l'on sent un peu les palpitations, l'exaltation, à la lecture de ces quelques lignes...
Entre niaises, on se comprend, non? ;)

 
pierredelune
pierredelune
14-01-05 à 17:59

!

Les autres ont tout dit ...
Niais, ça convient pas du tout !

Bah, jvais pas les répéter. Ni dire des choses trop inutiles...
Bises ^___^

 
Viva
Viva
16-01-05 à 18:25

Re: !

Hey, merci pour ce p'tit mot, Pierre de Lune!
Bon, alors, ouf, je suis rassurée, tout ça n'est pas niais! - contente -
Bizz à toi! et puis, le mot magique : merci!

 
touchofpink
touchofpink
15-01-05 à 00:33

je vais répéter les multiples commentaires: ce que tu es écrit est tellement bien écris, si merveilleusement décrit qu'il n'y a rien à ajouter sauf :) et si quelqu'un trouve ça niais celle qu'il n'a rien compris.

 
Viva
Viva
16-01-05 à 18:27

Re:

A mon tour, je dis simplement : :)
Qu'est-ce que c'est agréable de sentir que les moments que l'on décrit simplement, juste ces instants précieux, touchent autant de monde... Touchent la fibre sensible, en fait.
:) !