Vendredi, j'arrive à la fac, bien décidée à voir les résultats de mes partiels...
Devant les panneaux d'affichage, la foule des étudiants, nerveux, je m'en-foutistes, déçus ou euphoriques.
Et un peu plus loin, je vois arriver une petite bande. Eloi, Pierre, Natacha,
Ben, Sandra, Greg et compagnie... "Youhou! Vivaaa!" Ils me font des
grands signes, Pierre adore faire ça, pour faire semblant d'être un énergumène.
Même s'il l'est à sa façon...
Je les rejoins rapidement ; tous là, le sourire au lèvre, je sens une petite
électricité qui passe dans l'air, positive et émulante.
"On t'attendait pour aller voir les résultats."
Petit silence. Je pose mes yeux sur chacun d'entre eux, tout le monde se
regarde, et puis, Eloi murmure : "Bon. On y va?" "Ouais!"
Et nous voilà en train de courir en riant comme des gamins à travers la grande
cour, vers les tableaux d'affichage.
Chacun cherche son nom, son prénom, son numéro, jolie pagaille, on joue un peu
des coudes dans la masse estudiantine, où sont mes notes?
Le premier hurlement de joie vient de Natacha, qui lance soudain les bras en
l'air et se met à sauter partout : "J'ai eu 16 en Littérature comparée!!
J'ai eu 16! 16!... Et... 13 en grammaire latine! [la matière impossible,
incompréhensible, rien à avoir avec le latin du lycée]" Des bravos fusent,
Ben affiche un grand sourire : "J'ai sauvé les meubles! 10 en Approche des
genres littéraires!" Toute joyeuse, Natacha vient s'accrocher à mon cou :
"Et toi, Viva?" "Attends, je cherche!" Un peu anxieuse,
j'avoue, je cherche mon nom... Où diable est-il?
Et puis, soudain, j'ai l'impression que quelque chose décolle en moi. Mes yeux
collés au tableau d’affichage. Non, c'est pas vrai. Pas possible. J'ai dû mal
mettre mes lunettes. Sauf que le truc, c'est que je n'ai pas de lunettes, et
que j'ai 10/10 à chaque oeil.
18. J'ai 18. 18 en Littérature comparée. Et 17 en Approche des genres
littéraires. Ce n'est pas possible. Pas possible. Je n'en crois pas mes yeux,
mais alors pas du tout.
Je mets au moins une minute à réaliser que oui, c'est bien moi, Viva, qui ai eu
ces deux notes.
Pierre me sort de mon état léthargique, tout fou : "Devine quoi? J'ai eu
16,25 en Analyse de texte! C'est la belle vie! Et toi?" Je me retrouve
dans ses bras, en balbutiant ces deux notes hallucinantes. "Comment?
Attends, j'ai mal entendu? 18 et 17? Mais Viva, ma jolie, c'est champagne pour
tout le monde!" Je plane complètement. Mon 10,5 en Grammaire Latine, mon
14 en Analyse de texte me passent complètement au-dessus de
Pierre me serre dans ses bras : "On a réussi! Tu te rends compte?? On a
assuré comme des fous!!"
Ben est totalement euphorique d'avoir eu 9 en Grammaire latine, cette matière
dont il n'a suivi quasiment aucun cours depuis le début de l'année... Et Sandra
toute joyeuse, avec son 12 en Littérature comparée. Je suis vraiment heureuse
pour Pierre, il méritait bien plus que tout autre sa note en Analyse de texte,
il est si doué pour ça... Je regarde encore une fois le panneau, et lui murmure
: "Ton 16,25, c'est la meilleure note d'Analyse..." Il me serre fort
contre lui, tout sourire, pommettes relevées, ses dreads en folie sur sa tête.
C'est la liesse générale, je retrouve mes esprits, et pousse un grand
"Ahouuuu!!" de joie, tout le monde se serre dans les bras, des bravos
fusent, chacun crie tout haut ses notes, certains, comme Greg, semblent moins
contents, mais tout de même, personne ne s'est vraiment planté, c’est l’allégresse
totale, j’ai l’impression d’être dans une série télévisée tellement tout ça me
paraît fou.
Soudain, Eloi est à côté de moi, il a l’air complètement hébété, son visage
inexpressif, indéchiffrable. Je le prends à part : "Eloi? Ca va? Tu n'as
pas... assuré?". "Viva. Je. Viva." Il répète mon prénom deux ou
trois fois, puis je lui demande à nouveau : "Eloi? Qu'est-ce qu'il y
a?..." Et là, il laisse tomber ces quelques mots : "Viva. J'ai eu 19
en Approche des genres littéraires."
J'explose soudain de rire, et le prend par le bras : "Mais c'est
formidable! Eloi, tu es un génie! Wahou, bravo!" Et je le crie à toute la
bande : "Eloi a eu 19 en Approche des genres littéraires! 19!"
Il semble ne pas réaliser du tout, il plane tout autant que moi tout à l'heure.
"C'est vrai, Viva, tu es sûre que c'est vrai? Je ne me suis pas trompé de
ligne?" Je vérifie, non, non, c'est bien ça, cette note complètement
hallucinante. Il me dit encore : « Tu sais, j’ai eu 7 en grammaire
latine, et 11 en Analyse, mais je m’en fous. Je... Je n’y crois pas. J’ai eu
19. »
Je
jubile. On a réussi, réussi, j’ai eu des notes pharamineuses, mes amis ont
réussi aussi, ils sont contents, d’excellentes notes dans certaines matières,
d’autres moins formidables, mais c’est la joie, la joie, qui m’envahit, grande
serrage de bras avec Natacha, avec Pierre, Sandra, tout le monde y passe, le
bonheur.
Et
puis, je vois une silhouette qui arrive, c’est Hugo. Il salue tout le monde,
Pierre lui donne une bourrade amicale et la gratifie d’un : « Va
vite voir tout ça, c’est complètement hallucinant ! Vas-y mon
pote ! » Il regarde les panneaux d’affichage, et sourit. Simplement.
Je m’approche de lui : « Alors ? » « Eh bien, 15 en
Littérature comparée, 10 en Grammaire latine, (je n’en reviens pas d’avoir
au-dessus de la moyenne dans cette matière !) 14,75 en Approche des genres
littéraires, et 14 en Etymologie. Et puis, en Philo (il a pris option philo),
16. » Je murmure un bravo : « Bravo, Hugo Je n’en reviens
pas d’avoir au-dessus de la moyenne dans cette matière ! ». Il me
sourit. Encore. Instant qui se fige dans le temps. Nos regards confondus.
Sourires mêlés.
Et Sandra fonce droit sur moi, pour me prendre par le bras : « Hey,
vous venez au café fêter ça ? »
Tout
au café. Eloi est porté en liesse sur les épaules de Pierre et Hugo, il vient
tout juste de réaliser son 19, et, grand seigneur, dit : « Je vous
invite ! Enfin, j’ai de quoi payer trois cafés... Il va falloir
partager ! »
On se serre sur les banquettes, je suis entre Pierre et Natacha, une douzaine
autour de deux minuscules tables, les tasses toutes serrées les unes contre les
autres. Soudain, Greg apparaît, brandissant deux bouteilles de Champagne à la
main : « Je suis allé en acheter chez ED ! Champagne,
mesdemoiselles et messieurs ! » Hurlement de joie général, on demande
des verres, les gorgées de café se mêlent aux lampées de champagne, on chante,
on rit, les serveurs nous regardent d’un air amusé, d’autres étudiants d’autres
groupes de TD arrivent, vagues déferlantes dans le café ; nous voilà une
trentaine de l’UFR de Lettres, et d’autres de Philo, de Langues slaves,
d’Allemand, de tous les UFR confondus, dans une pagaille de visages radieux, la
vie est belle, Pierre chante par-dessus les vivats, j’ai l’impression d’être à
la Révolution, et je ris, je ris...
Et
par cette joie communicative, même les plus déçus finissent par récupérer le
sourire...
Eloi est sacré « GPAGL » « Grand Pape de l’Approche des Genres
Littéraires », il nous fait un discours, dans lequel il décrie les mérites
de Mallarmé et des Velvet Underground, pour arriver à la conclusion
suivante : « C’est en aimant la littérature et la musique, qu’on
devient un cool man. Non, plus sérieusement, achetez vraiment le Best Of des
Velvet... Et lisez les poèmes de Tardieu, ce sont de petits bijoux. » Hum...
Tout le monde rit, et chacun déclame des vers, des bouts de chansons, culture
et rigolade mêlées dans un désordre gai...
C’est
à mon tour d’être sacrée « GPLC », « Grande Papesse de
Puis,
d’un coup, tout le monde sort du café, et Eloi et moi sommes portés en triomphe
hors du café, on lance des morceaux de papiers en criant :
« Vive les papes ! » Mais je me retourne soudain et
lance : « Et Pierre ! Grand Pape de l’Analyse ! » La
vingtaine d’étudiants se retourne vers Pierre, il est acclamé, puis une autre
fille que je ne connais que de vue est sacrée « Grande Papesse de
Hugo
se retrouve sacré par tout un groupe de filles, « Grand pape du plus beau
regard », il rit et me regarde, je me rapproche de lui. Il me
demande : « Et toi, tu me sacres quoi ? ». Je lui
souris : « Je vous fais chevalier réponds-je en riant, essayant tant
bien que mal de maintenir mon sérieux . » « Et qui sera ma dame ? »
Je le regarde soudain, comme de plus près. « Libre à vous de
choisir. », réponds-je, je laisse en suspend... « Je
n’oserai... » « Osez...,» « Voudriez-vous l’être ? ... »
« Peut-être... » « Eh bien, je vous choisis, Viva, comme
dame. » « Vous me devrez obéissance, et fidélité. », dis-je, me
riante, mi-très sérieuse. Il me regarde soudain plus intensément. Son visage
est serein,avec quelque chose d’agité et puissant à la fois, une force interne
émane de lui. Quelque chose s’amplifie en moi, le jeu se mue en quelque chose
de plus sérieux, plus intime, plus... je ne sais quoi exactement. « Je
vous jure fidélité éternelle. » Le temps s’arrête.
Greg
et deux autres filles déboulent près de nous : « Alors, c’est la
joie, hein ? » Ils rient, sautent partout, et nous entraînent vers
les autres.
L’allégresse
continue, et ce jusqu’au soir... Puis chacun rentre chez soi, derniers grand
câlins avec Pierre et Natacha, Eloi avec un immense sourire, Hugo et ses yeux
sombres et doux, Sandra toute folle, Ben et Greg qui reprennent leur
slogan : »Vive la creveeeette », la folie douce qui coure le
long des mains et des yeux, c’est du bonheur à vivre, tout ça.
Et
toujours ces trois points de suspension jusqu’à la prochaine fois, comme si
c’était destiné à durer éternellement, plus que jamais. Mais j’aime ça...
Commentaires :
Re:
La joie des partiels... Oui, comme tu l'as dit, c'était la liesse générale!
Ca t'a touchée on dirait... Toute émue.
:) Meric la miss!
je bois ces écrits, les vis, les sens... et attend avec toujours autant d'impatience les prochains!
bisous tout doux
Re:
Ah, c'est un petit feuilleton, en fait! Au moins, j'espère que les dialogues ne font pas trop série B... ;)
Bizz à toi!
Uma viva para a Viva!!!
En tout pleins de BRAVO pour tes resultats ;)
C'est merveilleux...
Smoutch ;)
Re: Grazie mille, ragazza!
:) A bientôt néo!
Re: Re: Re: Grazie mille, ragazza!
Pleins de potouxxxx!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Continues, nous aussi on aime ça.
Re:
Alors si ça plaît, c'est encore mieux!
Wah est le mot !
Bon pour les trois eptits points, on dirait Feu qui nous fait languir... Depeche toide vivre pour clore ce suspens :)
(Enfin ne vis pas trop vite... Cela serait dommage...)
Bizoux
Re: Wah est le mot !
Oui, j'ai vu que Feu aussi semble vivre des trucs pas mal en ce moment! A croire que c'est la saison? ;)
Je découvre tout juste ton Joueb, et il est absolument fabuleux, tu écrit super bien on s'y croiraits. Et je prédissait un baiser entre toi et « Grand pape du plus beau regard », mais apparamment non.
Ent out cas félicitation Mademoiselle, je repasserais, sa c'ets certain.
Gros bisoux, j'a-dooore.
Re:
Eh bien, je crois que tes prédictions ont visé juste, le Pape du plus beau regard l'a bien eu, son baiser...
Au plaisir de te revoir ici! :)
Etolane-Lantrec
Je...wow...des frissons partout, des larmes de joie, le coeur qui bat à 100 )à l'heure...J'ai eu l'impression que j'y étais, dans cette foule, dans ce"tte folie, dans cette liesse...