Etre quelque part ailleurs, tout en ayant les pieds solidement amarrés à terre... Semaine magnifique, je suis si sereine, je me sens forte, forte, forte...
Arriver lundi en cours, encore incertaine du baiser de samedi soir ; ni Hugo ni moi ne nous sommes rappelés. Je traverse la grande cour centrale, le vent qui entre dans mon col, l'écharpe un peu sur mes joues...
Et puis je le vois, lui, à l'autre bout, en train de boire un café, en discutant avec quelques autres élèves de l'UFR, que je ne connais pas. Je me sens soudain intimidée et soulevée par une puissance inconnue à la fois. J'ai envie de sourire et de m'enfuir, de courir et de reculer.
Il tourne la tête. Vers moi. Je vois le sourire qui se dessine soudainement sur son visage, toute la lumière qui l'emplit. "Viva!" Il quitte le groupe, s'approche, lentement, plus un peu vite, je vois son pas qui presse un peu, quelque chose tendu entre lui et moi, une corde sur laquelle on tire. Et puis, son pas ralentit soudain, en même temps que le mien, sur les derniers mètres qui nous séparent, jusqu'à s'arrêter tout à fait, à deux mètres.
Il me considère, d'un air amusé et tendre à la fois, et puis ce soupçon de timidité, tout au fond... Et je le regarde. Qu'est-ce qu'il est beau. Sa veste noire, qui fait ressortir le noir de ses cheveux. Mes yeux s'attardent sur tout à la fois, ils ne savent plus que regarder, comme s'ils voulaient tout contenir, tout prendre pour eux.
Il sourit d'une façon si belle.
Et puis, il s'approche, tout près, tout à fait contre moi. Et je pose la tête sur son torse. Son odeur. Son manteau. C'est lui, c'est Hugo. Et il me serre contre lui. Dans ses bras, ses bras, qui se referment sur moi. C'est donc bien réel, c'est donc bien vrai, nous sommes ensemble, ensemble, il est près de moi, mon Hugo. Enfin. Mon coeur s'emballe, bat la chamade, mêlé à une sérénité, un apaisement.
Je sens quelque chose qui secoue sa poitrine. Il pleure? Non, il rit... Tout simplement, il rit, il est joyeux. Rire de bonheur qui se propage à mes lèvres, tous les deux, ensemble.
Il incline un peu la tête, il me caresse les cheveux, tout doucement. Et il m'embrasse.
Et toute la semaine est comme cela, à se retrouver entre deux cours, entre deux couloirs, à la mêle table où à l'autre bout de l'amphi, se faire des signes, et toujours retrouver cette complicité entre nous deux, si belle et forte...
Se retrouver comme deux amants de longue date, qui se connaissent si bien, et en même temps se découvrir comme deux jeunes amoureux, qui s'effleurent tout juste, et n'osent apprendre tout d'un coup ce qui fait l'autre.
Et Pierre qui me voit rayonner, et Natacha toute heureuse pour moi... Eloi n'est pas là, il fait une semaine de stage dans un grand quotidien que je ne citerai pas ici ; lorsqu'il nous en avait parlé, il avait des étoiles dans les yeux... "Je vais chez xxx, vous vous rendez compte? C'est incroyable, je leur ai envoyé une lettre, je ne savais pas trop comment la présenter, que dire, et puis... il m'ont répondu en me disant qu'ils l'avaient adorée, et qu'ils seraient ravis de m'accueillir pour un stage! J'hallucine, je rêve complêtement."
Hugo qui vient me surprendre à la cafet, alors que je discute avec des filles en UFR de Philo.
On parle, pour rire, des "spécimens" de la fac. Ca commence par les étranges, un peu lourd, un peu idiots, qui ne donnent pas très envie de parler avec eux, et ça dérive sur les "beaux spécimens"... L'une d'entre elles dit : "Oh, en Etude des philosophes du 20e, il y a un mec pas mal du tout... Je ne sais pas comment il s'appelle, il ne vient que pour cette matière, mais il est vraiment beau. Tu vois, le genre un peu ténébreux, tout en étant cool. J'adore..."
Et puis soudain : "Tiens, justement, il arrive!" Je ne me retourne pas, je me fous de savoir qui c'est, j'avoue que je suis un peu perdue dans mes songes d'Hugo en ce moment.
La fille qui parlait devient un peu plus tendue : "Mais??... Il se dirige vers nous, oh je tu crois que..." et elle se passe rapidement la main dans les cheveux, on rigole doucement. Je vois ses yeux s'agrandir...
Je sens une main sur ma taille, et un rire qui me souffle dans le cou : "Salut mademoiselle."
Là, je comprends. Je vois les yeux écarquillés de la fille, qui tente de reprendre une contenance, je vois l'air surpris de ses copines, qui rigolent sous cape en même temps. Et je fais le rapprochement "ténébreux-qui-ne-vient-que-pour-une-matière-en-philo" et "Hugo".
En riant, je fais les présentations : "Hugo, voici x, z, et y, de l'UFR de Philo. Tu dois déjà les avoir vues, non?" Il ne comprend pas vraiment mon ton amusé, ni la tête des filles qui rigolent maintenant tout fort (dont celle qui a réussi à reprendre une contenance normale entre temps)... "Euh, j'ai dit quelque chose?" demande-t-il. "Non, rien du tout!" Fou rire général entre les nous 4 filles.
"Bon, alors, à la prochaine!" regard complice échangé avec x, z et y.
Et je m'éloigne avec le bras d'Hugo autour de mes épaules.
Ce bonheur de le retrouver chaque matin... De sentir ses mains sur mon visage, ses yeux dans les miens, avec cette certitude indefectible que oui, il est mien, comme je suis sienne. Qu'à présent, rien ne peut nous séparer. Cette confiance absolue qui se lit sur son visage radieux, et qui doit aussi se déchiffrer dans mes sourires.
Mercredi, devant le passage piéton devant la fac, il se retourne vers moi : "Viva, je voulais te dire..." Il hésite un instant, je lis une semi-incertitude sur son visage. Je le fixe, l'encourageant à continuer.
Le vent qui passe dans nos cheveux, j'ai ai plein devant les yeux, mes mèches caressent sa peau, comme un nuage de cheveux autour de nous. Il rit, me découvre le visage avec ses mains, retire la toile tissée par mes mèches sur mon front.
Il pose sa main sur ma joue, caresse lentement mon visage, le frôlant à peine.
Il est sérieux, si sérieux, en cet instant. Je sens ses yeux si concentrés sur moi, ce petit air grave que je connais bien.
Il chuchote presque.
"... je suis tellement heureux de t'avoir retrouvée. Tellement."
Ses lèvres qui se posent sur les miennes.
Ce quelque chose qui parcourt tout mon corps, comme si une corde vibrait en moi, quelque chose qui insuffle de l’air froid, qui ravive la flamme, qui vivifie, l’émotion qui déferle.
Etre avec lui. Si près, si proches, ensemble, vraiment ensemble.
Et sa main sur ma joue.
Commentaires :
Re:
Polalala, l'Ammuuuuur décidemment,t u me fais bien réver, j'espère quand j'aurais ton âge, arrivais à être aussi complice avce un homme, vous êtes beau tous les deux (du moins j'imagine, mais tu le décris tellement bien).
Je post juste ce commentaire parce que j'aime bien ici, même si il n'y a rien de spécial à te dire, juste que tu m'as donné le sourire en te lisant (et puis je l'avais prédit, à ne pas oublié quand même, lool)
Groos bisoux, z'aa-dddoooo-rrre !!
Lilie
Re:
Merci de ton passage ici!
Bizzz à toi!
je suis toujours admirative de cette facon que tu as de retranscrire tes émotions, tes sentiments, ces scènes si simples.... je les ressens tellement que j'imagine cette scène comme si je vous regardez.. j'ai le coeur qui bat à toute vitesses pour twa...
continues de nous faire rêver, tu y arrives si bien!
bisous
ps: il n'y a aucun problème pour les liens, je t'ai ajouté dans les miens il y a quelques tps sans te demander ;-)
Re:
J'aime bien aussi venir flâner chez toi... La bannière est drôlement chouette.
Merci de ton passage!
Re:
Je suis contente si mes écrits suscitent de si jolies réactions...
:)
Broutille
Cela donne courage... Forcément ça va 'marriver !..
Gros bizoux profite encore et toujours !