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Enfin un moment pour se poser. Même ce week-end, entre l’anniversaire d’une amie hors-fac et l’anniversaire de ma mère, je n’ai pas eu une minute à moi, pour faire le point. Cette semaine a été intense, très intense. Elle est survenue, chargée de virages en épingle à cheveux, après la semaine de vacances qui n'avait pas non plus été de tout repos... Eloi, ce mercredi soir-là.

Que dire?... Comment exprimer toute la désolation qui nous a habité, puis le bonheur qui continue? Paradoxe presque effrayant qui tue et ranime, qui enfonce et puis éveille.

Eloi. Eloi. Eloi.
Chaque fois que j'écris son nom, je vois son image qui s'imprime en moi. Ses cheveux roux désordonnés, ses pommettes saillantes et ses joues un peu creuses, son allure dégingandée. Cette façon si particulière qu'il a de regarder dans le vide, parfois, sans faire exprès, mais où l'on sait qu'il écoute très attentivement tout ce qu'il y a autour. Son drôle de sourire. Et l'expression si triste de son visage, aussi.
Ca me fait mal d'y penser. Et en même temps, ça va mieux. Bien mieux.

Après cette soirée de mercredi, j'ai dormi le lendemain jusqu'à trois heures de l'après-midi. Au réveil, j'avais oublié. Complètement. C'est la perspective d'une après-midi tranquille à me prélasser chez moi qui a ravivé dans ma mémoire le souvenir qui s'effaçait déjà. C'est-à-dire le raccord : "Chez-moi, donc en vacances, donc pas à la fac, donc pas cours de latin aujourd'hui, donc pas potes, donc pas Pierre, pas Natacha, pas Eloi. Pas ELOI."

Dans une autre sphère pendant toute la journée.
Et Pierre
qui est trop malade pour me parler, dixit sa mère au téléphone. Grippe carabinée, il est trop sorti cette semaine, tu ne crois pas Viva?...

Hugo en vacances chez ses grands-parents, en Roumanie. Donc, pas de téléphone, un, deux textos, parce que l'international, ça coûte cher.

Personne à qui parler ce week-end. Esther ne connaît pas mon monde de la fac. Les autres de l’extérieur ne peuvent pas comprendre cela. Du moins, pas pour l’instant. Pas envie de le dire à Natacha, elle ne sait pas ce que Pierre et moi avons perçu ce soir-là. Elle m'envoie un texto tout chou, pour prendre de mes nouvelles, si ça mieux depuis mon mal de tête de mercredi. Je réponds oui, oui, ça va mieux, je mens, j'élude, je fuis. Je ne veux pas parler d'Eloi. En tout cas, pas maintenant.
Pour dire des mots, Pierre, Hugo, ou rien.

 

Et revenir à la fac lundi, revoir tous ces visages, pour la plupart non-vus depuis une semaine. Les autres, vus lors de la petite soirée de mercredi.

Je vois Hugo, tout au bout de la grande cour. Il est comme une balise de sécurité, un morceau de radeau auquel s’accrocher, mon phare au milieu de la masse estudiantine qui m’effraie soudainement, ce matin. Je marche un peu vite, un peu plus vite, je cours les derniers mètres, et me blottis dans ses bras. Tellement beau. Son parfum, celui de sa peau. Et ses bras serrés autour de moi, et ses mains qui me caressent le visage. Il rit de me voir agrippée à lui, il rit, et son rire est contagieux, je ris aussi.
Il m'embrasse, ses lèvres qui se déposent doucement sur les miennes, je me sens mieux.

Puis, me diriger vers le TD de littérature comparée, après avec une petite boule d'appréhension au ventre. Hugo va en option Philo, il n'a pas le même groupe de TD que nous.

J'entre dans la salle, déjà aux trois-quarts pleine, Eloi est assis au fond à droite, comme d'habitude. Mais à une table pour un, tout seul. Nous qui sommes d'habitude tous à l'avant-dernier rang, deux tables ont été enlevées : l'agencement de la salle avait été changé pour les partiels. Un rapide coup d'oeil sur le reste de la classe : Natacha est aussi à l'avant-dernier rang, mais de l'autre côté de l'allée centrale, à gauche, sur une table de deux.

Je vais m'asseoir à côté d'elle, en regardant dans la direction d'Eloi. Il fuit mon regard.
Natacha m'accueille chaleureusement, comme à son habitude, et me murmure : "C'est quoi cette répartition des tables dans la classe? C'est du n'importe quoi... Je réclame la réhabilitation complète de l'avant-dernier rang! Regarde, Eloi est tout seul là-bas!" Sa verve feinte me fait rire tout bas, je tente d'oublier momentanément ce que j'ai lu dans les yeux tristes à ma gauche. 

Pierre arrive, toussant comme un mineur, emmitouflé dans un chech plus épais que d'habitude. Sa voix rauque, cassée, et ses yeux mi-clos suggèrent que sa grippe n'est pas vraiment finie... En passant devant nous deux, il marmonne dans un sourire : "Ah, on fait des efforts pour venir en cours, et on en peut même pas s'asseoir à côté de ses potes! Mais qu'est-ce que c'est que cette administration...".

Et passer tout le cours à sentir le regard d'Eloi qui se pose sur moi. Tourner la tête, croiser ses yeux qui s'échappent et ne peuvent soutenir les miens. Une heure ou la trotteuse galope dans ma tête, comme une épée de Damoclès près de mes tempes, qui me donne à voir se rapprocher le moment où la tête-à-tête Eloi/moi s'imposera. Une heure où le vieillard temps me semble avoir une barbe blanche plus longue que jamais, et à la fois avoir bu un élixir de jeunesse qui l’aide à raccourcir les secondes. Une heure où le tic-tac de ma montre hurle à mes oreilles les instants qui passent et ne reviennent pas, une heure où quelque chose me murmure qu’il faut que j’aille voir Eloi, mais j’ai peur, j’ai peur, j’ai si peur.

Le pire, c'est que je sais qu’il ignore tout de mon histoire avec Hugo. J'ai si peur de tourner les yeux encore une fois, et de lire cette incompréhension... Oui, pourquoi refuserais-je quelqu'un avec lequel je m'entends formidablement bien, au charme évident, à la gentillesse inaltérable, à l'humour pointu, brillant, poète et délirant à ses heures?
Portrait en sourdine de l'homme faussement idéal qui me hante durant cette heure.

A la pause, je me rue plutôt que je ne marche vers la sortie. Courir dans le couloir, jusqu'à la cours, et haleter. Quelque chose qui me comprime dans la poitrine, respirer, encore...

Au retour, dans le couloir, je croise Hugo. Etreinte brève, sa chaleur qui m'enveloppe et me rassure. Il me murmure tout doucement : "Tu es ma Viva." Et dire qu'il ne sait rien. Je suis plus que jamais à lui, et en même temps mes lèvres ont été l'espace d'une fraction de seconde offertes à un autre, si proche et qui s'est soudainement éloigné par l'intermédiaire de mon refus.
Hugo m'embrasse, je m'abreuve à mes lèvres de la force que je souhaiterais avoir en cet instant. Embrasse-moi, encore.

Je me sépare de lui, le regarde s'éloigner et rentrer dans sa salle de classe. Je me retourne.

Et me trouve nez-à-nez avec Eloi, à deux mètres de moi.

Inévitable confrontation.

L'incompréhension totale en ses yeux, mêlée à une sorte de prise de conscience, d'évidence.
Douleur aïgue, et soulagement, presque. Il a vu. Il m'a vue embrasser Hugo. Il m'a vue être contre lui. Il a vu. Il a compris.

Peut-être moi qui délire, j’ai l’impression qu’il vacille.
Par ce baiser qu’il a reçu en pleine figure, j’ai tiré à bout portant. On éteint la lumière, le spectacle est fini. Fin de l’espoir.
Il semble porter en lui toutes les chutes du monde. Précipice où se plonge la lumière, étouffée par le néant tout autour.

Et cette voix qui me chuchote : « Mais parle, bon sang, parle, dis quelque chose... »

Je crois lire aussi comme une sérénité soudaine, comme un apaisement : C’est donc ça, elle n’est pas libre, c’est pour ça qu’elle me refuse, c’est pour ça qu’elle me dit non avec ses yeux. Sinon, elle dirait oui avec le cœur. Quelque chose en elle le dit déjà.
Non, non, Eloi, détrompe-toi, je n’acquiesce pas, je ne dis pas oui, même si je le souhaiterais... Pour ne pas te faire mal. Je le souhaiterais, pour toi. Pas pour moi. Pour ne pas te blesser encore, pour ne pas t’enfoncer, parce que je déteste voir souffrir ceux que j’aime, c’est si cliché mais tellement vrai.

Alors, je vais dire quelque chose.
Oui, je vais le dire, maintenant, tout de suite, tout ce que je pense, tout ce que j’ai en moi.
Je vais le faire.
Je le sais.
Maintenant.

Pourquoi ça ne vient pas ?...
Je vais parler.
Te parler.
Allez, il faut que ça sorte.

Et je reste muette.
Je me perds dans ses yeux. Rien ne franchit mes lèvres. Impossible.
Juste nos yeux rattachés par un fil invisible, par une poutre géante qui soutient tous les non-dits de l’espace qui nous environne et nous comprime. Est-ce le silence, la meilleure solution ?...

Et puis, il détourne les yeux, et rentre dans la classe.
Je suis dans le couloir. Seule.
Il n’est plus là.
Eloi est parti.

Rentrer dans la salle, et une heure de plus, sentir quelque chose qui dévore les secondes contre moi, mais si lentement. Le mulot rongeur, insatiable grignoteur minutieux du cadran de ma montre, croque, et croque encore. Les visages des élèves se transforment en réveils géants, je suis le capitaine Crochet, le temps m’insupporte, casser tous ces terribles dévoreurs d’instants, encore, encore.
Et le regard d’Eloi que je sais vissé sur sa feuille, qui parfois s’en décolle pour venir se ficher contre moi ; je n’en peux plus de ces yeux qui cognent sur ma tête, comme un marteau sur un tambour dont la peau trop fragile pour résister résonne bien trop fort à chaque coup.

La fin de l’heure arrive enfin, je suis fébrile, trop d’électricité dans mes bras, je ne sais même pas ce que j’ai écrit sur ma feuille, de quoi j’ai parlé avec Natacha, quel était le sujet du cours.

Sortir de la salle comme on s’expulse d’un four, comme on s’arrache à des mains trop présentes. Natacha reste à l’intérieur pour poser quelques questions.

J’avance droit devant moi, du mal à contenir ce qui bout à l’intérieur, je ne sais même pas ce que c’est.
Puis j’entends une voix : « Viva ! Attends. » Je ne reconnais que trop bien la voix. C’est celle d’Eloi.

Je me retourne dans le couloir plein de monde, presque à contre-courant. Il est juste là, avec ce regard presque suppliant, qui m’empêche une fois pour toutes d’avancer. Je sens qu’il est temps que la parole libère.
Nous avançons dans un couloir perpendiculaire, et j’ouvre une salle au hasard ; elle est vide. Nous nous y engouffrons. Avec la porte qui se referme s’éteint le brouhaha extérieur.

Ca y est, le moment est venu. Il me regarde. Je le regarde.
Il n’y a plus, en cet instant, le courant si complice, intime et chaleureux qui passait entre nous d’ordinaire. Juste une sorte de peur, entre deux êtres qui se craignent soudain l’un l’autre, une tension palpable. Deux personnes effarouchées de se retrouver face-à-face, mais qui le désirent tant, pour mettre la lumière sur tout cela, sur ce paradoxe étrange, qui envoûte et paralyse.

Envie d’avoir une main magique qui vienne délier les langues, qui retire les entraves qui semblent ligoter mes bras gourds. Aucun geste libérateur, aucune phrase spontanée ne vient mettre fin à ce silence qui devient pesant, et qui semble remplir des kilomètres entre nous deux.

Puis, je vois ses lèvres s’entrouvrir, et j’entends des mots s’échapper.
- Je t’aimais vraiment.

Je mets un temps avant de répondre.
- Tu parles au passé ?

Il esquisse un sourire aux accents tragi-comique, une sorte de petite grimace résignée et empreinte d’une mélancolie qui transparaît d’une façon si évidente.
- Tiens, c’est une des choses pour lesquelles j’ai dit tout ce que j’ai dit, mercredi. Pour ta répartie tellement renversante et fine. Mais pour le passé... Il faut bien que j’essaie de l’employer, puisque ce que je ressens n’a plus lieu d’être. Enfin, ne doit plus être.
 Il insiste sur le « doit ». Comme s’il fallait que je sente qu’il allait étouffer tout cet amour dont il est empli, pour moi. Parce qu’il le faut. Pas parce que s’il continue à m’aimer, il souffrira. Non. Parce qu’il sait, il sent que si son amour persiste, je serai malheureuse.
Je ne sais pas comment l’exprimer réellement par des mots, mais j’ai senti tout ça. Je l’ai vu, entendu, su, compris, senti.

Dans un geste presque instinctif, je me suis approchée de lui, et je l’ai pris dans mes bras.
Me suis enfouie la tête dans sa veste.

J’ai senti son corps qui frémissait contre moi, et l’hésitation qu’il a eue, lorsque mon corps s’est posé contre le sien. Ses bras en l’air, autour de moi, statiques et balbutiants, puis, la pression sur mon dos. Ses bras qui se referment doucement sur moi, presque trébuchants.
Je le serre contre moi, comme pour l’encourager. Je sens qu’il en a besoin, de cette étreinte, qu’il la désire et n’ose l’accomplir.

Alors, ses mains se sont apposées sur moi, j’ai senti sa fébrilité grandir puis s’apaiser. Son corps qui respire. Et sa tête posée sur la mienne. La mienne sur le haut de son torse.
Et comme un soupir qui traverse son souffle.

Je sens des soubresauts qui agitent sa poitrine.
Je lève la tête : il pleure ?
Oui, Eloi pleure. Et il rit.
Il pleure et rit. Quelques larmes sur ses joues, qui glissent tout doucement, et puis, son rire qui résonne autour de nous, tout aussi doucement. Son rire avec ces petits accents comme fatigués, mais qui en fait sont des accents naturels. C’est sa douceur, à Eloi.

Je lui demande tout bas dans le creux de son épaule : « Tu pleures ? » Dans ces instants-là, nos phrases peuvent sembler un peu bêtes, parfois.
Il me chuchote : « Oui. »
« Je pleure, parce que je suis triste, et je ris, parce que ça va mieux. En fait, je ne dois pas être triste. Je crois que c’est plutôt la pression. J’avais si peur que tu me rejettes. »
Je ne peux m’étonner de m’empêcher :
- C’est pourtant... ce que j’ai fait.
- Oui, mais non. Tu ne m’as pas exclu, tu ne m’as pas rayé de tout ton parcours. En fait, j’ai compris en te voyant avec Hugo. Je ne savais pas... Si j’avais deviné avant, je ne te l’aurais jamais dit. Je ne me serais pas laissé emporter malgré moi, mercredi soir. J’aurais contrôlé mes mots, je serais resté silencieux, et puis, au bout d’un moment, ça se serait calmé. Enfin, je crois.

Là, quelque chose souffle en moi que Eloi est un être formidable, généreux, qu’il serait terrible de l’abîmer encore plus. Qu’il faut impérativement lui dire tout ce que je pense de bien de lui.
Je souris, et chuchote :
- Tu sais, ce n’est pas parce que j’ai dit non que je ne tiens pas à toi. Tu es une des personnes auxquelles je suis le plus attachées, ici. Et je ne veux pas que ce qui s’est passé nous sépare. Surtout pas. A vrai dire, ça me ferait du mal, si l’on s’éloignait. Parce que voilà, je n’y peux rien, mais j’ai envie de savoir qui tu es, encore plus, encore mieux, vraiment, vraiment !
Et je ris soudain.
Libération à l’intérieur de moi.
Je marque une petite pause, et puis je reprends :
- Tout ça, parce que c’est toi, Eloi, le garçon le plus curieux que j’aie rencontré depuis un petit bout de temps. Parce que tu es drôle, parce que tu aimes les lettres, parce que tu parles araméen, parce que tu es le seul à cuisiner aussi bien le cheefk al maasam. Parce que tu sais réciter à l’envers Parfum Exotique de Baudelaire, parce que tu ne dis pas tout mais lorsque tu parles, ça dit tellement plus et tellement mieux. Parce que tu sais chanter aussi bien du Jacques Brel avec un air grave que te démener sur un bon rock, parce que tu écoutes les Velvet et de la musique balinaise. Parce que tu ne connais pas msn, mais que tu adores envoyer des mails. Parce que tu as ce drôle de regard lorsque tu rêves ailleurs, parce que lorsque tu souris, je me sens bien.

Je ne sais plus dans quel ordre j’ai dit tout cela, mais je l’ai dit. C’est sorti, d’une traite, j’en avais tellement besoin.

Et j’ai senti Eloi sourire soudain tout contre moi. Il s’est un peu décollé de moi, m’a regardée dans les yeux, et m’a dit : « C’est vrai ? »
Alors, j’ai senti que ça allait mieux. Je lui ai ébouriffé les cheveux en rigolant, et j’ai répondu : « Oui. »

Nous nous sommes détachés, et sommes allés nous asseoir sur un banc près d’une fenêtre, à l’intérieur du hall. On a encore un peu parlé, il m’a confié qu’il aurait peut-être un peu de mal à oublier tout ça tout de suite. « Parce que le désamour, c’est pas toujours très facile. Même si j’ai beaucoup de chance que tu sois comme ça. » Et je lui ai répondu : « Heureusement... Enfin, si je m’étais comporté de façon odieuse, je crois qu’au départ, tu ne serais même pas tombé amoureux. » Il sourit, me regarde.
Je sens toute l’affection dans son regard.

Et puis le déjeuner, où nous nous retrouvons tous, Hugo, Pierre, Natacha, Ben, Sandra, lui, et moi.
Sandra qui voit Hugo m’embrasser dans le cou, pour me surprendre, et s’exclame : « Ben, mais ! Je ne savais pas ! Je n’étais même pas au courant ! Ca fait longtemps ? Personne ne m’a prévenue ! » Mes yeux qui vont d’Hugo à Eloi, de Sandra à Pierre. Silencieusement, je fais signe à Pierre que j’ai parlé à Eloi et que ça mieux, que c’est arrangé. Il sourit.
Je fais attention à ne pas trop étreindre Hugo devant Eloi, je ne veux pas le gêner.

Il me sourit. Je sens qu’il va mieux. Qu’il comprend.


Et puis, tout au long de la semaine, croiser son regard.
Mardi, pas cours, exceptionnellement.
Mercredi, délirer avec lui en amphi d’étymologie.

Jeudi, le prendre dans mes bras. Parce qu’il a un peu de mal, quand même. Disons qu’il a du mal à me voir si bien avec Hugo. Même s’il comprend très bien, car la même situation lui est arrivée, mais cette fois-ci, avec lui en demandé, et une autre fille en demandante. Un peu de vague à l’âme, l’hiver, le froid, la solitude de cœur.
J’ai envie qu’il aille bien, mon Eloi, alors, je l’invite à déjeuner. Chez moi, on se fait des coquillettes au fromage. Le plat fumant qui arrive sur la table, je suis toute fière, je ne les ai pas faites trop cuire. Les yeux qui brillent, le gruyère râpé qui fond, on mange et ça réchauffe, et puis on parle, surtout, on parle. Une grande discussion sur l’avenir qui nous tend les bras et nous fait peur, parfois.

Et puis, des sujets plus intimes, j’en viens à parler de David, et lui, d’une fille qu’il a aimé longtemps. Et de sa meilleure amie durant des années, qui l’a aimé en secret, et qu’il a ainsi faite souffrir sans le savoir. Qui est morte dans un accident de voiture. Sans lui avoir jamais dit ce qu’elle ressentait pour lui. Il l’a appris par un ami commun, qui connaissait tous ses états d’âmes, tout ce qu’elle lui disait à propos d’Eloi.

Il est beau, Eloi, il est touchant, lorsqu’il parle avec ses jolis mots de tout ça. Lorsqu’il décrit la tristesse qui l’a envahi au moment où il a appris cet amour jamais dévoilé.
Il m’émeut, avec sa sensibilité particulière, et j’ai envie de lui dire que je suis vraiment contente de le connaître. Que l’amitié, ça ne meurt pas. Quoiqu’on en dise. Et que ça rend tellement fort.

Alors, entre deux coups de fourchettes, je le lui dis. Il me regarde, et sourit ; simplement.
C’est tout Eloi, ça.
Les gestes qui disent tout. Avant les mots.


Et finir la semaine avec un vendredi après-midi passé avec mon Hugo.
Juste ma tête posée sur son torse.
Me sentir si forte.
Cette sensation intense que l’on a que lorsque l’on aime, et que l’on est aimé(e) en retour.

Et recevoir un joli texto d’Eloi, avec ses formules bien à lui : « Même s’il faut que j’enterre tout ça en bonne et due forme, je ne regrette pas d’avoir été amoureux. Parce que je crois bien que cela se mue tranquillement en un drôle de sentiment d’amitié, bien agréable, et que tout de même, hein, on est des gens formidables. Tous. Même ton Hugo. ;) Parce que quand même, il faut bien le dire, vous allez bien ensemble. »

Oui.
Merci, Eloi.
Et je souris.



Ecrit par Viva, le Lundi 7 Mars 2005, 19:31 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

neowitch
neowitch
08-03-05 à 11:14

Ca faisait long...

Si tes réactions lui conviennent, c'est merveilleux, car ce n'est pas simple, c'est vrai...
Le contact, se prendre dans les bras, ce n'est pas toujours une bonne idée, mais s'il le gère bien, et qu'en plus ça lui fait du bien ;)

Tu écris de moins en moins et de plus en plus espacer...C'est dommage, pis en plus tu as de moins en moins de commentaires...sont pas fidèle les fans!!! Aller tous réveillez vous!!! Il faut l'encourager a continuer la Viva ;)

Je pense que ton temps doit être très précieux...Et que tu es très occupée, je te vois rarement sur d'autre Blog ;)

Pleins de smoutchouuuxxx!!!
Profites bien de cette merveilleuse vie!!!

 
Viva
Viva
12-03-05 à 20:04

Re: Ca faisait long...

Oh, tu sais, je ne souhaite pas de "fans", comme tu le dis... J'aime juste écrire mes mots ici, me décharger des poids qui me pèsent, et tant mieux si ces mots plaisent. Je n'oblige personne à laisser de commentaire, même si bien évidemment, cela me donne toujours un très grand sourire d'en avoir! Recevoir des encouragements est toujours très porteur. Mais avoir moins de commentaire ne m'influe pas ; mon rythme d'écriture m'est propre, je n'écris pas pour recevoir de l'admiration... Même si bien évidemment, cela fait toujours (très!) plaisir!

Oui, c'est vrai, je ne vais que très rarement sur d'autres blogs, je n'ai pas beaucuop de temps pour être sur internet... Mais cela ne m'empêche pas de lire avec attention lorsque je m'y mets. ;)

En tout cas, merci de ton passage et de tes mots qui me font sourire!
Bizzz à toi Neo!




 
Cocktail
Cocktail
08-03-05 à 20:24

Ben moi je trouve ça formidable. Ton histoire avec Hugo, bien sûr, mais aussi ta réaction par rapport aux sentiments naissants d'Eloi. Je pense sincérement que si Xav' avait eu une attitude plus proche de la tienne, je n'en serais pas là aujourd'hui. Je ne veux absolument pas LE re mettre en cause, mais il y a certaines attitudes qui blessent énormément. Surtout cette distance que certains mettre quand ils se rendent de la différence de sentiments.
Le prendre dans tes bras, lui dire tous ces mots, ne pas mettre de "barrières" à cause des sentiments qu'il éprouve pour toi... Je pense que c'est la meilleure attitude. Eloi oubliera, et redonnera sa place à l'amitié, j'en suis sûre !

;-)


 
Cabotine
Cabotine
09-03-05 à 07:52

Re:

Bien sûr que si on est là, on lit, mais c'est pas toujours facile de brdeouiller deux-trois mots après chaque textes... Et puis à cahque fois que je passe, je me répète : vraiment, tous ces sentiments que tu fais passer, Viva, tu as un don pour ça...

Pour Eloi j'imagine que c'est pas simple à vivre, mais tout le monde réagit très bien, et j'aime la complicité qu'il y a avec Pierre, un garçon qui comprend tout... hmm, c'est devenu presque rare ;)
Continue ta jolie vie, Viva, vraiment on est plusieurs à t'envier...

Et ça ne fait qu'amplifier mon envie de me poser sur les bancs de la fac, tout ça....

 
Viva
Viva
12-03-05 à 20:12

Re: Re:

Je suis entièrement d'accord avec ta première phrase. Il n'est pas toujours facile de laisser un commentaire, et parfois même, une lecture nous suffit, l'on n'éprouve pas le besoin de laisser quelques mots. :)
Merci beaucoup pour tes mots à toi, qui me touchent beaucoup... Vraiment.

Ah, contente que mon Pierrot soit si apprécié que ça! C'est vrai, il est un garçon rare, et j'avoue être drôlement contente de le connaître...

Oui, la fac est pour moi un monde merveilleux, j'avoue que j'en avais peur, puisque mon lycée avait été assez formidable. Mais il s'est finalement avéré que cette fac m'a plutôt bien ouvert les bras!
Cependant, il n'en est pas de même pour tout le monde... Alors, je ne peux que te souhaiter de trouver chaussure à ton pied l'année prochaine! :)

 
Viva
Viva
12-03-05 à 20:08

Re:

Merci Cocktail ; je t'avoue qu'au début, je ne savais pas vraiment si mon attitude était la meilleure à adopter. Rester si proches... était-ce une bonne idée? Ou n'allait-ce pas au contraire l'empêcher de "décrocher"?

Je me suis rendue compte que c'était en fin de compte, la meilleure solution. Car la distance fait plus que jamais souffrir l'autre, après l'annonce de refus... C'est aussi parce que j'ai moi-même vécu cela auparavant, que j'agis comme cela, en restant attentive. Et aussi parce que je suis réellement attachée à Eloi.

C'est vrai qu'il est difficile de se sentir mis à l'écart, c'est parfois très douloureux... Et parfois même, cela n'incite qu'à s'attacher encore plus, pour essayer tout de même de garder quelque chose de ce qu'on a perdu. Je lis tes écrits, et "suis" ton histoire avec Xavier. Je te souhaite vraiment du courage, car je sais qu'il n'est pas facile d'empêcher de retomber. Il est si facile de s'illusionner, surtout lorsque l'autre se montre finalement avenant, et que son affection revient, un tant soit peu...

:)

 
Lunatic
Lunatic
10-03-05 à 11:23

j'ai lu ton article avec, en fond sonore, "in my place " de coldplay et je l'ai lu avec encore plus d'"intensité", de réflexion.. je ne saurai pas te dire ce que j'ai ressenti à nouveau... les sentiments, les sensations ressentis lors de ces lectures sont si simples mais si durs à décrire... parce que tu fais passer des émotions tellement "banales", des émotions que chacun ressent mais que peu de gens réussissent à décrire...

j'aimerai pouvoir dire d'aussi belles choses... je suis toujours aussi admirative...

bisous


 
Viva
Viva
12-03-05 à 20:14

Re:

Merci beaucoup, Lunatic! C'est peut-être bête à dire, mais à chaque fois, ces mots me touchent énormément. D'autant plus que je pense de plus en plus à l'écriture, alors... voilà. :)

La musique intensifie souvent les sentiments, j'aime beaucoup aussi lire avec un fond sonore, qui semble ramifier toutes les sensations que j'ai... En plus, "In my place", j'aime bien! :)
Merci encore de tes jolis mots, Lunatic!