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Quelque chose qui tourbillonne en moi

Je vois fleurir le soleil partout, que ce soit sur dans le monde "réel" que sur les pages des blogs avoisinants. Comme dirait Pierre, lorsqu'il se prend pour un grand manitou, capuche ramassée sur la tête, les bras gesticulants autour de lui : "Il est revenu! Il est revenu!!"...

Des moments, comme ça, qui parsèment mes semaines. Vie remplie, tellement remplie que je n'arrive à passer ici que le week-end, ou presque. Pourtant, c'est pas l'envie qui m'en manque. Alors, je me suis acheté un petit carnet, où je griffonne à toute vitesse entre deux trajets des pensées, envies, des moments. Ca me fait penser à la phrase que j'ai vue sur le blog de Feu : "On ne se souvient pas des jours, on se souvient des instants." C'est tellement vrai.

Puisque je parle de Pierre, alors j'ai envie de noter ce petit instant.
C'était mercredi, je crois.

Notre joyeuse petite bande (en gros, Pierre, Eloi, Hugo, Natacha, Sandra, Ben, Elodie, et puis aussi Greg)(et puis moi, j'allais m'oublier, huhu) décide d'aller faire une virée au jardin du Luxembourg. Qu'est-ce qu'il fait beau... Marcher dans les allées en se sentant libres, tellement libres.
Puis, aller s'affaler dans l'herbe verte des pelouses, à côté du Grand Bassin.

Oui, on est jeunes, on est un peu dingues, on est bien.
Les arbres au-dessus de nous qui forment par endroit comme un berceau, à d'autres, le ciel à découvert. Et le soleil qui vient "darder de ses rayons d'or", comme le dit je ne sais plus quelle poésie. Tous assis ou allongés, le rire qui déborde des lèvres et les yeux qui pétillent.

 Pierre a pris sa guitare et joue en mâchonnant une de ses dreads, Eloi a son saz (une sorte de guitare turque toute petite, avec un manche très fin, et une caisse qui fait un peu penser à celle de la mandoline) et chantonne des mélodies arméniennes.  Du coup, Sandra nous fait une petite démo de danse orientale, étant adepte de la pratique. Elle se déhanche en rythme, et nous voilà à frapper des mains, et à lancer des "iouuuloulouloulou" en claquant de la langue, tout en se trémoussant à notre tour (pas très facile, assis en tailleur...)

Alors, Nat' et moi essayons de la suivre, mais la danse du ventre, c'est pas évident en deux temps trois mouvements, et on finit vite à danser du n'importe quoi, à se tortiller en rigolant, bras dessus, bras dessous.
Pierre rigole à nous voir danser comme ça, il nous appelle "les deux folles", et laisse Eloi assurer la musique, pour nous rejoindre, et... nous faire tomber par terre sous une pluie de chatouilles. Natacha se débat, crie que c'est pas juste, moi, je rigole trop pour me défendre convenablement, alors je feins de rester insensible, mais il faut dire que je n'y arrive pas vraiment...
Le rire qui circule dans le groupe, et on se retrouve tous à se faire des chatouilles, comme des grands gamins de presque vingt ans.

Puis, une voix crie : "Stop! Pouce! Je joue pluuuu...uhuhuhuhus!!" Le malheureux (en l'occurrence, Ben), qui vient d'essayer de marquer la pause, s'est vite retrouvé assailli par Elodie et moi qui rattaquons en force, toutes mains dehors (je n'allais pas écrire "griffes", sinon ça aurait un peu fait jeu sadique).

Enfin, le jeu s'arrête, et c'est un peu un "paysage après la bataille" qui s'offre à nos yeux :
Sandra effondrée face contre terre, la main coincée sous le dos de Pierre qui a les bras croisés contre lui, comme un fou dans sa camisole ; Eloi qui tient son saz à bout de bras, tout essoufflé, en regardant partout, histoire de voire s'il n'y en a pas un qui est caché pour le chatouiller; Hugo, les cheveux ébouriffés et l’œil aux aguets, adossé à Greg qui tente de reprendre sa respiration tout en se marrant, ce qui n'est pas évident ; Natacha la tête sur mon ventre, moi qui rigole, et sa tête qui bringuebale au rythme de mes crises de rire... Elodie roulée en boule, qui pousse des petits cris de souris, parce que Ben s'amuse à lui effleurer les cheveux avec une feuille.

Hm, ces deux-là, si ce n'est pas pour aujourd'hui, ça sera pour bientôt... Ca doit faire un bout de temps qu'ils se tournent autour, même si Ben était sorti avec une fille le temps d'une soirée. Ca me faire sourire de voir liens qui se tissent, se font, qui se resserrent... Ca me rappelle ma propre histoire avec Hugo.

Hugo, qui vient se blottir contre moi, et nos yeux qui se rencontrent entre les brins d'herbe. Mon pied nu qui touche le sien, il sourit, et sa main vient caresser ma joue. Il fait doux. Je ferme les yeux, je suis bien.

L’air qui file entre les doigts de la main, les cheveux qui volètent autour. La douce rumeur des paroles d’enfants assis pas très loin sur la pelouse, le bruissement des feuilles. Impression.


Soudain, au milieu du moment de calme, Pierre réempoigne sa guitare, et gratte brusquement un accord de flamenco. Oh-oh. C'est un peu comme un appel qui résonne.
- Viva, tu veux pas nous faire une petite démo ?

Tout mon corps aspire à se reposer contre Hugo, à savourer le ciel au-dessus de nous, l'air qui caresse ma peau ; mais dans ma tête, c'est la musique qui tourbillonne déjà. La flamenco. Ma raison de vivre depuis des années. Le moment où je suis vraiment moi-même, où je me sens exister plus que jamais. Je ferme un instant les yeux, et je vois brièvement défiler toutes les images-souvenirs, comme à chaque fois que j'entends du flamenco.

J’ai envie de m’attarder un instant à me remémorer tout cela ; le flamenco, c’est une si grande, si importante partie de moi...

La première fois que j'ai entendu cette musique, au festival de Séville, j'avais sept ans, avec mes parents, lors d'un voyage en Espagne. Au retour en France, mon envie de l'apprendre, de la maîtriser, de devenir danseuse, même. Alors, la recherche d'un bon cours, ni trop exigeant, ni trop facile.
La rencontre avec ma prof, si belle. L'Espagnole andalouse, fière, aux cheveux noirs, qui a vécu. Elle a cinquante ans, une voix rauque de femme qui a chanté le flamenco toute sa vie, une peau presque brune, tannée par le soleil, de légères rides, magnifiques, autour des yeux, une démarche altière. LA rencontre de mon enfance.

Et puis, l'apprentissage. Les premiers mois décevants, les pas simples que j'apprends ne ressemblent pas à l'évolution orgueilleuse et rythmée que j'ai vue en Espagne.
Alors, un jour, à la fin du cours, alors que toutes les autres filles sont parties, je vais demander à ma prof, du haut de mes huit ans, si elle peut m'apprendre plus vite. Ce dont je me souviendrai toujours, c'est la façon dont elle m'a regardée. Sans rire, sans se moquer, elle a tenu compte de ma demande. Elle m'a dévisagée, comme si elle essayait de me percer à jour, de savoir quelle était ma motivation réelle, en m’évaluant du regard. Et puis, elle m'a dit : "Je vais te regarder danser, pendant quelques semaines. Ensuite, je verrai si tu en es capable." Elle m'avait lancé un défi, par ces simples mots, et je me suis exercée chez moi durant toutes les semaines suivantes, pour être capable.

Au bout de quatre semaines, elle m’a autorisée à passer dans le cours supérieur. Là, les filles avaient onze, douze ans. Elles commençaient déjà, pour certaines, à avoir des seins ; je passais réellement un cap, en montant dans ce cours. Fini, l’initiation amusante, le sérieux commençait. Sauf que certaines pensaient déjà garçons, mode, vie adulte. Moi, je ne pensais qu’à la danse. Danser, encore et encore, pour apprendre, maîtriser. Quelques unes riaient de voir une « petite fille » comme moi, danser avec autant d’acharnement ; pour elles, le flamenco était soit un élément de tradition familiale, un apprentissage de mère en fille, soit une danse amusante, qui servirait bien un jour à séduire un garçon. Les autres étaient comme moi, elles aimaient vraiment cela.

Alors, je me suis exercée, encore et encore, et c’est devenu la passion de toute mon enfance. Je suis rapidement une des plus
... Je n’aime pas le terme meilleure. Disons que j’étais une des celles qui dansait avec le plus d’aisance, de rythme, parce que je sentais le flamenco. Mais je ne le savais pas encore. J’utilise ces mots parce que je me souviens du jour où ma prof m’a dit une des plus belles phrases qu’elle ne m’ait jamais dites. J’avais douze ans.
A la fin d’un cours, elle m’a appelée près d’elle, et m’a regardée longuement. J’avais un peu peur, car cette prof avait la capacité de dire des phrases à double tranchant, parfois ambiguës, mais aussi parfois presque brutales, et irréfutables. C’était l’exigence incarnée, mais avec une telle humanité qu’on ne pouvait qu’accepter ce qu’elle disait.
Elle m’a donc dit :
- Viva, le flamenco n’est plus une danse que tu aspires à connaître, à la beauté étrange, ce n’est plus quelque chose que tu as très envie d’apprendre.

A cet instant, j’ai cru qu’elle allait m’annoncer mon renvoi du cours. Elle avait pris l’habitude de demander aimablement aux élèves les moins douées de quitter le cours, lorsqu’elle sentait qu’elles ne développaient aucune aptitude positive au bout de quelques années. Je m’indignais déjà de cette injustice, ce n’était pas possible, j’aimais profondément cette danse, je m’efforçais chaque jour de mieux la connaître, de mieux la danser, elle ne pouvait pas me demander de partir. J’allais ouvrir la bouche pour répliquer, lorsqu’elle a ajouté :
- Ca y est, Viva. Tu vis le flamenco. Il est devenu une partie de toi-même. Alors, continue.

J’ai senti un immense sourire naître en moi, un des plus grands moments de bonheur de mon enfance.

Et elle a ajouté :
- Et ne t’avise pas de devenir vaniteuse.

C’était ça, Racha, elle était (et est toujours) la rigueur même. Ses compliments étaient rares, et elle les accompagnait toujours de mises en garde. Mais ils étaient les plus précieux des cadeaux.


Et donc, j’ai continué le flamenco, toujours, jusqu’à aujourd’hui. Avec cette même professeur.
C’est grâce à lui, que j’ai rencontre Esther, ma meilleure amie. Ma grande amie. Celle qui me connaît le mieux.

Un jour, j’avais treize ans, ma prof nous a annoncé l’arrivée d’une autre classe de flamenco, qui viendrait pour danser avec nous. Une rencontre entre danseuses (et danseurs, il y a avait plusieurs garçons dans la classe) ne pourrait que nous faire du bien. Pour une fois, toutes les classes (de sept à quinze ans, le matin, et de quinze et plus l’après-midi), danseraient ensemble.

La quarantaine de filles de notre âge est arrivée. Aussi fières les unes que les autres, nous nous jaugions du regard, nous lançant alors à la fois un défi et une invitation à danser.

La musique a démarré, et nous avons commencé à danser, toutes. Je me souviens de robes qui tournaient, des bras qui se dressaient fièrement en l’air, comme des serpents à sonnette, des talons qui claquaient sur le sol, par à-coups ; les filles qui tournoyaient, et la musique qui résonnait en moi, le rythme incessant, si beau.

Je me souviens d’avoir d’abord dansé sans me préoccuper de toutes les autres filles autour de moi ; le flamenco me mettait dans une bulle d’ivresse sauvage, je dansais, encore et encore, et plus rien n’importait.

Cela faisait bien dix minutes que j’évoluais ainsi, sans m’arrêter (c’est une danse particulièrement épuisante, des filles étaient déjà allées se reposer), lorsqu’en levant la tête, mon regard avait été attiré par une fille de la classe invitée, qui dansait à quelques mètres de moi. Elle semblait avoir mon âge.
Elle était très jolie, la peau un peu mate. Les cheveux très noirs ramassés sur la nuque, dans un chignon qui m’avait tout de suite rendue un peu jalouse. Parce qu’il tenait très bien, et que moi, avec mes cheveux bruns-roux un peu ondulés, partant dans tous les sens, rebelles, je n’arrivais pas à me faire de telles coiffures, et je les laissais toujours tomber en cascade sur mes épaules, dans une pagaille indisciplinée.
Elle avait les yeux noirs, un regard un peu sombre, les sourcils droits, bruns et fines, et puis, un détail que j’ai tout de suite remarqué : un grain de beauté sur l’épaule droite. Elle portait une robe rouge avec des volants noirs ; elle était belle, j’avais envie d’être comme elle, d’être digne et pleine de maintien et de grâce.

Je me rappelle m’être moi-même passée rapidement en revue, et en avoir tiré la conclusion suivante : avec mon allure un peu gavroche parfois, mes bras nerveux et musclés, mes cheveux indomptables, ma peau désespérément blanche et mes yeux d’un vert un peu bizarre, je ne pourrai jamais égaler la grâce ravissante et orgueilleuse de cette petite fille.

J’avais terriblement envie de danser à côté d’elle, de me mesurer à elle, pour lui montrer, moi aussi, ce dont j’étais capable. Capable. Toujours ce même mot.

Je voulais qu’elle voie jusqu’à quel point je pouvais danser, je voulais qu’elle sache que même si je n’avais pas de chignon bien épinglé, même si mon physique était un peu celui d’un petit garçon manqué, à l’allure athlétique, même si j’étais effilée et elle, élancée,
je pouvais aussi danser, aussi bien qu’elle.

Alors, je me suis mise à danser, de toute ma volonté, de toutes mes forces. Mes pieds frappaient le sol, un pas, puis un autre, et encore un, puis de plus en plus vite. Je me rappelle de la pulsation de la musique tout contre mes oreilles ; c’était un mouvement rapide, il faut allier rapidité des gestes et précision, à ce rythme. Je tenais ma jupe à deux mains, j’avais l’impression de n’être qu’un corps, en mouvement perpétuel, encore et encore. Je ne pensais qu’à danser, pour lui montrer que je pouvais être la meilleure, danser encore et encore, jusqu’à épuisement s’il le fallait.

Je crois que c’est la première fois que j’ai vraiment compris que le flamenco était un défi perpétuel. Je l’ai compris plus encore que lorsque j’ai demandé à ma prof de passer dans la classe supérieure. J’ai senti que c’était une danse des fiertés, une démonstration de beauté, d’élégance, dans les mouvements lents, et de virtuosité, et d’exactitude, dans les mouvements rapides.
Le flamenco, c’est la superbe, mêlée à l’indifférence feinte, mais feinte seulement, car si l’on danse seul, ce n’est que pour mieux faire circuler la musique entre tous les autres danseurs. Le flamenco est la danse des regards à la dérobée, c’est un alliage de solistes qui forment une masse mouvante et magnifique, soudée par cette même passion.

Et nous nous sommes retrouvées à danser l’une à côté de l’autre.
La petite fille aux cheveux noirs, et la petite fille aux cheveux rouges.
La gracieuse, l’orgueilleuse, et la sauvage, la passionnée.
Le maintien, la fierté, et l’ardeur, la ferveur.
Si je « sépare » ces qualificatifs, c’est pour tenter de cerner les caractères opposés que nous incarnions, alors, ce jour-là. Mais la passion était aussi évidente chez elle, tout autant que la fierté chez moi. Elle savait soudain être prise d’un élan de sauvagerie, et danser comme si sa vie en dépendait, tout autant que je pouvais contenir en moi toute mon impulsivité, pour exprimer grâce et maintien.
Chacune était un savant mélange des deux, avec des caractéristiques dominantes.

Nous avons ainsi dansé une demi-heure, sans pause.
Et nous nous sommes séparées dans un regard de défi, avec, je ne l’ai réellement senti que plus tard, car nous en avons reparlé maintes fois ensemble, une lueur d’admiration réciproque l’une pour l’autre.

Racha, ma prof, avait du remarquer l’émulation provoquée par la venue de la classe invitée, sur ses élèves. Toujours est-il que régulièrement, cette classe vint danser chez nous, et nous, de même, chez elles.
Et peu à peu, la rivalité initiale s’est muée en compétition, puis en challenge, et enfin, en véritable plaisir à danser à deux, pour donner le meilleur de nous-même. Et c’est comme cela que nous sommes devenues amies, deux excellentes amies, unies par cette pratique. A nous deux, nous avons dû danser des milliers d’heures, nous avons passé des soirées dans des clubs de musique espagnole, sur des scènes ouvertes aux amateurs. Oui, amatrice dans le sens premier du terme : qui aime.

Esther, la princesse espagnole au port altier, et Viva, la sauvage gavroche à la passion dévorante. C’est un peu cliché dit comme cela, mais c’est notre phrase à nous deux, pour nous définir lorsque nous étions gamines, et on aime bien.


Donc, je reviens à cet après-midi au Luxembourg...

Pierre me hèle :
- Tu nous fais une petite démo de flamenco ?

C’est pareil à chaque fois, mon sang ne fait qu’un tour. C’est le flamenco qui m’appelle. Je retrousse mon pantalon, et me voici en train d’esquisser les premiers pas. Une, deux, on tend le bras et on relève le menton. Regarder vers le bas, toujours, mais avoir le front haut. Précision, trois, quatre.

Mes pieds qui évoluent dans l’herbe, c’est la première fois que je danse devant mes amis de la fac. Devant Hugo. Pierre savait que je faisais du flamenco, mais sans savoir vraiment si j’en faisais en dilettante, ou de manière régulière. Il semble le premier surpris de me voir accepter sa proposition, et me mettre à bouger en rythme.

Et puis, la guitare de Pierre s’emballe. Les notes défilent, les pas avec.
Eloi l’accompagne, improvise des mélodies sur la basse harmonique que Pierre réalise.

Alors, je danse. Non, je ne trouve pas que danser soit le mot juste, pour définir cela ; c’est quelque chose de bien plus fort, bien plus intense. Je vis par mon corps, c’est cela, quelque chose vibre en moi et aspire à sortir, alors je me meus, je bouge, j’évolue, comme dans une transe particulière qui m’emmène respirer au plus profond de moi.

La musique m’enivre, la pulsation s’accélère, et je tourne, mes pieds écrasent le sol pour le quitter l’instant d’après, je déploie mes bras, sentir le muscle qui se tend, jusqu’à presque claquer, et les doigts qui s’ouvrent, formant une corolle épinée, « presque meurtrière », comme l’aime à dire Racha.

Tous frappent dans leurs mains ; je me sens transportée, j’oublie les regards qui pourraient m’intimider, je suis flamenca toute entière.

Et puis, enfin, je m’arrête, avec le dernier accord que Pierre plaque, et un « Olé ! » général...

Le souffle court, la musique est encore en moi.
Je tourne la tête vers eux.

Et je vois leurs regards. L’étonnement, la complicité si forte, le sourire dans les yeux.
Dans les yeux de Hugo, un amour puissance mille. Je reste debout, un peu gênée, je ne sais pas trop quoi dire, je suis encore ailleurs, le flamenco ne part que doucement...

Natacha se décide : « Bah ma Viva... Si on avait su... Tu danses comme une déesse. Viens là que je te fasse un gros poutou ! »
Je m’assieds près d’elle, et elle me serre fort dans ses bras. Tout le monde rit, me féliciter, les questions fusent : « Ca fait combien de temps ? » « Tu veux devenir danseuse ? » « Ouah, d’enfer, la démo ! » Quelques passants s’étaient arrêtés, me sourient, un vieil homme applaudit. Je me sens sourire de l’intérieur, moment de bonheur, c’est du moi intense, du vrai moi, le moi-flamenco.

Je me laisse glisser contre Hugo, et m’appuie sur son épaule.
Pendant que les autres s’exclament encore sur ma prestation, s’essaient à quelques pas de tango sur une mélodie que Pierre improvise déjà, je reprends mon souffle contre lui.
Il me sourit, et regarde avec un tel regard... A la tendresse s’ajoute l’admiration, ce quelque chose qui fait que son estime m’est offerte par ses yeux.

Il me murmure : « Je ne savais pas. Je te découvre de jour en jour, et j’en suis terriblement heureux. Je t’aime ma Viva. »

Je t’aime mon Hugo.

Olé.

Ecrit par Viva, le Dimanche 20 Mars 2005, 18:27 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

emberlificoteuse
emberlificoteuse
20-03-05 à 19:02

Oh :)

C'est-y pas merveilleusement beau? :)

[Ca donne envie :D]


 
Viva
Viva
25-03-05 à 16:05

Hé! :)

Merci Emberlificoteuse... Que répondre hormis : ;D

 
Samhradh
Samhradh
20-03-05 à 21:02

J'adoooore la manière dont tu décris le flamenco! Je comprends la façon dont on vit ces choses là, moi c'est un peu pareil avec le sport (mon truc c'est le basket), quand on se donne à fond, on court sans s'arrêter on ne sent même plus ses poings de côtés ni ses pieds douloureux, on court, on court, on court, on essaye d'intercepter, de revenir à temps, on passe, on dribble on ne réfléchit plus... C'est beau de vivre une passion comme ça et que les autres y portent de l'intérêt, continue à danser Viva!

 
Viva
Viva
25-03-05 à 16:07

Re:

Oui, le flamenco, c'est ma petite force personnelle à moi, ma manière de faire abstraction de tout. Lorsque je danse, j'oublie tout ce qui m'environne, je me sens à la fois plus qu'un corps, et en même temps, j'ai la sensation de m'habiter, coeur et esprit mêlés, plus que jamais...
Ravie que tu comprennes cette sensation parfois si "folle"! Oui, on ne sent plus la douleur, plus la tension due à la fatigue, seul compte l'instant présent... :)


 
neowitch
neowitch
22-03-05 à 14:21

Coucou VIVA!!!

J'ai penser a toi pour "le relais" lecture...

Il te suffit d'aller sur mon joueb, a l'article " LISONS" Et faire un copier coller, comme ça tu pourra nous donner tes passions...Litteraires :)

 
Cocktail
Cocktail
22-03-05 à 19:59

Re:

Oh ben j'avais fait la même chose!
Comme quoi les idées se rejoignent... :)

 
neowitch
neowitch
22-03-05 à 20:32

Re: Re:

Quand on li le joueb de viva...Forcement on pense tout de suite a elle pour ce genre de questionnaire...!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Smoutchou cocktaiiiil

 
Viva
Viva
25-03-05 à 16:08

Re: Re:

Hi! ^^ Merci à toi aussi, Cocktail!

 
Viva
Viva
25-03-05 à 16:08

Re:

Merci Néo, de m'avoir passé le relai, ça fait très plaisir! Comme tu le vois, j'y ai répondu (et avec bonheur!)
:))

 
neowitch
neowitch
25-03-05 à 17:10

Re: Re:

J'esperais bien que tu y repondes...Je cours le lire, je suis sur que c'est super interressant, et merci d'ecrire de si belles choses...!!!

 
Krystal
Krystal
27-03-05 à 16:30

Heureuse de te découvrir un peu plus...

:)... La danse orientale... adepte, moi aussi... ^^

Et puis, le flamenco... aya, j'ai toujours eu une véritable fascination pour cette danse... c'est exactement ça: de la fierté, de la grâce, de l'élégance, du caractère... Les yeux baissés, mais le front haut...

Très bel article...comme d'habitude...
Olé !