"Ce que j'aime bien chez toi, c'est que tu dis ce que tu penses".
C'est ce que m'a dit ma meilleure amie, tout à l'heure, Esther.
Haha. Ce que je pense... Difficile de le dire quand on ne le sait pas soi-même.
Zut, je m'étais dit que j'essayerai de ne pas trop parler de coeur, dans ce journal, je crois que c'est raté. Je ne voulais pas que cela ressemble à une lamentation-sentimentalo-romantique, ça a l'air parti pour... Non, non, quand même pas.
A vrai dire, j'ai la sensation que deux situations différente se rejoignent sur moi, d'un coup, je n'arrive pas très bien à gérer.
D'un côté Hugo, sympa et attentif, de plus en plus agréable et proche de jour en jour (il m'a appelée samedi, sous le prétexte de ma demander un truc pour la littérature comparée, on a passé une heure au téléphone à discuter de tout, de rien)...
Et de l'autre... David. Je ne comprends toujours pas.
Neowitch m'a demandé d'expliquer un peu la situation :)... Je m'y attelle, il faut bien qu'on comprenne ce qu'il se passe un peu, peut-être ! (et zut, je m'étais aussi juré de ne pas tenir compte du regard d'autrui dans ce blog, mais bon, c'est un blog, et justement, c'est fait pour être lu!)
Donc... Cette histoire entre David et moi.
Il a été mon premier, vrai, grand, beau, amour. Notre histoire a duré un an et demi. C'est avec lui que j'ai fait l'amour pour la première fois, c'était très doux et beau, c'est avec lui que j'ai fait mon premier week-end en amoureux, c'est avec lui que pour la première fois, j'ai vraiment ressenti le "je t'aime" que je lui disais.
Nous nous sommes rencontrés chez une amie (ah, les soirées tranquilles, délires et copains...), une très bonne amie, Rachel. Cela faisait trois mois que j'étais célibataire, mon dernier copain n'avait pas été une étoile en matière de sentiments, bref, un presque-échec qui avait duré deux mois. Je me sentais un peu tristounette ce soir-là, j'étais fatiguée, nos profs nous demandaient beaucoup de boulot, j'avais perdu une tante dans un accident de voiture, je m'étais un peu frittée avec une amie, bref, une totale dramatico-tragique, comme on voit dans les films.
Rachel avait du insister pour que je vienne à sa fête, je ne me sentais pas d'humeur, je n'avais qu'une envie, dormir. Mais j'y suis quand même allée, histoire de voir, de me remonter peut-être un peu le moral, j'avais beaucoup d'amis qui y allaient.
Je prends le bus, un peu maussade, enfoncée dans mes idées noires. Il est bondé, je dois rester debout, ça m'énerve, tout m'énerve, je commence à me demander ce qui m'a pris de prendre le chemin de cette fête. Je rumine tout ça, lorsque je me sens un peu bousculée sur le côté. Je lève la tête, prête à répliquer vertement, à ce con qui me pousse dans ce p***** de bus (je suis vraiment très très énervée)… et me yeux se posent sur un garçon, grand, les cheveux châtains un peu décoiffés comme je les aime, dans son manteau noir, plongé dans un livre. Je l’observe longuement, comme on détaille un tableau qu’on aime. (enfin, cette phrase, ce qu’il m’avait dit à propos de moi, à propos de la première fois qu’il m’a vue à cette fête…) Au bout de quelques minutes, j’ai oublié le temps qui passe, je suis juste absorbée par la contemplation de ce visage, aux traits fins, l’air très doux, qui lit. Je ne ressens pas une attraction terrible, je n’ai pas de coup foudre, non. J’ai juste envie de le regarder, encore. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé à ce moment-là, je me suis sans dit quelque chose comme « Wahou » ( !), et je me suis tordu le cou pour regarder la couverture du bouquin qu’il tenait dans
Boris Vian.
A ce moment-là, j’ai du parler tout seule, ou je ne sais pas, mais il a levé la tête. « Ca t’intéresse ? » dit-il. Je ne réalise pas du tout que ce garçon me parle (s’il m’entendait maintenant…), et je bafouille quelque chose comme : « Oheuhouimaisnonjenevoulaispasexcusenonmaisje ». Il me fait un grand sourire, et dit : « C’est du Boris Vian. »
J’ai à peine le temps de constater que oui, il est bien en train de me parler, lorsque je m’aperçois que c’est mon arrêt, je descends pour prendre le métro ; au lieu de continuer en bus jusqu’à chez Rachel, je prends le métro, ça ira plus vite, et sera sûrement moins bondé.
Je murmure un : « Euh, au revoir », et descends. Le bus part, je vois le garçon qui me suit du regard en souriant. Mais qu’est-ce qui m’arrive ?
Le temps d’arriver chez Rachel, je l’ai complètement oublié.
La soirée avance, je m’amuse vraiment, j’ai oublié toutes mes araignées noires, je me sens bien, bois un tout petit peu (je ne raffole pas de l’alcool), fume quand même plus, et je danse, je ris, c’est chouette.
Tiens, il est minuit heures, déjà ? Ca fait trois heures que je suis debout à sautiller partout en riant, il est temps que je me pose. Je pousse la porte de la chambre des parents de Rachel, et m’affale sur le lit couvert de manteaux, avec un sourire de bienheureuse. Je suis tellement crevée que je ne le vois même pas.
« Tiens, mais qui voilà ? »
Je lève brusquement la tête, et je le vois, là, debout, en train d’enlever son manteau. Je me sens rougir soudain. Je me souviens très bien ce que j’ai dit : « Mais… tu êtes celui qui lit Vian Boris ! » N’importe quoi… Il éclate de rire et vient s’asseoir à côté de moi. « Je ne connais personne ici, à part un ami d’ami de Rachel. Tu me fais la visite guidée ? » J’ai répondu : « Je suis crevée, je me pose deux minutes ? » « Alors dis moi juste qui il y a, une visite imaginaire, à travers le mur. » J’ai adoré cette phrase, je crois que c’est ça qui a véritablement tout déclenché. J’ai répondu en souriant : « Attachez vos ceinture, mesdames et messieurs, l’avion va décoller… »
Et puis on a discuté toute
Je ne vais pas trop avant, sinon, je suis partie pour une heure…
Enfin, bref, notre relation a été magnifique, pleine d’amour, de création, de rire, de partages, de surprises, de petits délices, de tendresse, surtout d’amour, oui.
Mais elle s’est très mal finie. Il était jaloux, moi aussi. Il était doux et tendre, j’ai essayé de lui apprendre à devenir fort, fier. Je ne me suis pas vraiment rendu compte qu’il l’était à sa façon. Il a essayé de m’apprendre à devenir calme et câline, il n’a pas vu que dans mes étreintes fougueuses (ouhla, ça fait un peu cliché, cet adjectif, mais j’aime bien), il y a avait une douceur énorme, que dans mon impatience, il y avait du réfléchi. Il y a eu de l’incompréhension. On s’est lancé des défis, comme des gamins. Je n’ai pas vu le film « Jeux d’enfants », avec Guillaume Canet et Marion Cotillard, mais je suppose que c’est un pareil.
Je ne sais plus pourquoi, en juin on en est venu à parler d’« un jour, lorsqu’on ne sera plus ensemble ». Je n’arrivais pas à imaginer un après, je me le refusais, même si je savais qu’il existerai. Lui l’affirmait haut et fort, qu’il y aurtait un « après », mais intérieurement, ce que je ne savais pas, il le refusait encore plus que moi. Et on en est venu, ce soir-là, à se narguer, à imaginer l’autre avec un ou une autre, justement, ça a viré en disupte, on s’est convaincu que l’autre ne nous aimait pas tant que ça, c’était n’importe quoi, on était ivres de jalousie ce qui n’avait pas lieu. Nous devions aller à une fête, il était furieux, a embrassé une fille devant tout le monde, devant moi. C’était horrible. Horrible. Un des pires moments de ma vie. J’ai cru que je n’avais plus de cœur, que mon intérieur était mort. Je l’ai giflé, j’ai hurlé, je suis partie tout de suite, j’ai marché toute
J
J’ai dormi comme un loir, jusqu’à cinq heures de l’après-midi, le lendemain. C’était la semaine du bac. En me réveillant, je m’attendais à me faire sermonner par mes parents. Mais non, ma mère a été adorable : « Chérie… tu devais avoir besoin de sommeil… David a appelé au moins cinq fois depuis 15 heures… Rappelle-le si tu veux, ça a l’air important… » Le téléphone a sonné, je me suis jeté sur le combiné, décroché, j’ai entendu sa voix au bout du fil, je l’ai entendu débuter ses excuses, j’ai hurlé « Connard », et j’ai raccroché. Je l’aimais tellement.
Je m’en voulais de l’avoir provoqué, que l’on ai joué à ce jeu stupide, que nous ayons joué avec nos sentiments, je m’en voulais, je le détestais, je me détestais, je l’aimais, je l’aimais.
Et puis… je ne sais plus. Je l’ai rappelé, il n’était pas, là, je n’ai pas laissé de message. Il appelait, je ne répondais pas, j’entendais sa voix dans le répondeur qui me disait : « Je sais que tu es là ». Je ne répondais pas. Jamais. Je savais qu’il pleurait, silencieusement. Je le rappelais, un jour il a décroché, je n’ai rien pu dire, j’ai raccroché. Et puis le bac est arrivé. Les épreuves passées. Il me manquait horriblement, mais j’étais trop fière. Je l’ai croisé, au lycée (il n’était pas dans
Les coups de fils, vains, sont devenus rares. Plus rien. Je suis partie en vacances, avant les résultats du bac. J’ai appris qu’il avait téléphoné une dernière fois.
Puis je l’ai recroisé, en juillet, dans
- Salut Viva…
- Ah, salut David, tu… tu vas bien ?
- Oh, oui, oui. Et toi ? … Ca faisait longtemps.
- Oui, oui, longtemps.
- …
- …
- Tu… as eu ton bac ?
- Oui, mention bien.
- (il sourit un peu) Toujours bonne en classe. Je l’ai eu aussi, mention assez bien. J’ai foiré la philo (il était excellent en philo).
- Ah… Pas en forme ?
- Oui, c’est ça, pas en forme, ce jour-là.
- …
- Bon… je crois que je vais y aller…
- Oui, moi aussi, je dois y aller…
- Alors, peut-être à une prochaine.
- Salut…
- Salut, Viva…
La façon dont il a dit mon nom, à ce moment-là, je ne l’oublierai jamais.
Voilà. Nous, c’était ça. Maintenant, plus de nous.
Mais ce qui est arrivé l’autre jour, alors que je cicatrisais plus ou moins, alors que je fleurtais un peu avec Hugo, (peut-être par un désir inconscient de ne plus être seule), Hugo qui m’apporte l’affection dont j’ai besoin, Hugo attentif, souriant, agréable, subtil, eh bien, ce baiser de David m’a rendue triste, triste, triste. Il m’a fait très mal.
C’est affreux, ces discussions, lorsque l’on se revoit, que l’on s’est aimé très fort, que l’on a finit l’histoire alors qu’on s’aimait encore, c’est affreux ; on ne sait plus quoi se dire, on est deux inconnus l’un pour l’autre, deux inconnus qui se connaissent mieux que quiconque.
En écrivant cette « histoire », je m’aperçois justement qu’elle ressemble à une histoire de film, comme dans « Respire », d’Anne-Sophie Brasme, un peu. Cet « après », justement, terrible, qui fait si mal.
Donc, je ne sais pas ce que je veux.
Je n’aurais pas du en parler. Ca fait encore plus mal.
Commentaires :
Re:
Salut toi
mais je pense pas que tu aurais du te taire. Cette chose que tu as vécu t'a fait souffrir, et le partager te permet d'extérioriser, de mieux refaire le point sur tout cela, d'avoir des avis différents du tien, et même si cela fait mal, sa peut te permetrre de retrouver plus de bien.
Voila, je termine par un petit "courage", c'est toujours utile. :)
Re: Salut toi
Ne t'inquiète pas, tu n'es pas du tout "paysan dans la capitale"! J'ai ouvert ce joueb il y a peu, donc je pense que tout le monde découvre un peu... (en même temps que j'erre dans les profondeurs de moi-même, donc en même temps que je m'auto-découvre!)(eh oui, c'est tout une psychologie!)
Merci pour ce courage, je le prends avec moi! ;)
Re:
Mais le choix à faire... que faire? Retourner dans cette relation "ado", comme tu le disais, ou me stabiliser ailleurs, au risque d'emporter avec moi des regrets? Tant de questions qui restent sans réponse (pour le moment seulement, j'espère!)
Merci pour tes encouragements, Noewitch! Biz à toi!
donatella
c'est dommage , vous avez rompu bêtement et vs n'avez jms mis les choses au clair en plus... pe être quand parlant vs pourriez reconstruire votre relation...