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Remember again

Une semaine extra-tempus. Hors du temps. Une courbe étrange et envoûtante, dans la ligne droite (si je peux dire, ne considérant pas ma vie quotidienne comme une ligne droite...) des jours qui passent autre part.

J'ai encore le coeur accroché quelque part là-bas. Le mot de notre voyage a été "C'est si fou". Oui, peut-être étais-je folle. Le suis-je à ma façon. Peut-être l'étions-nous tous.
Une bande d'une douzaine de fous, garçons et filles mêlés. Amis et cousins d'Esther. En vrac, il y a avait donc : Esther, Ludivine, Romain, Karine, Samuel, Ed, Anouk, Marie, Camille, Ismaël, Paul, Sophie, et Raphaël. Tous là, sur la quai de la gare, lundi matin, avec nos sacs de baroudeurs, prêts à partir pour l'Auvergne, et la grande maison de campagne d'Esther, dans laquelle j'ai passé un grand bout de mon enfance et mon adolescence.

Lorsque j'arrive lundi, encore les yeux fatigués, le sac qui pèse sur les épaules, une petite foule est rassemblée dans la gare. Au milieu de tout ça, un groupe de jeune, avec de petits yeux, mais le sourire sur le visage. Animation et bavardage. Je m'émerveille de la diversité des allures et des visages, puis je reconnais Esther. D'un geste du bras, elle me montre tout le groupe, et me cite quelques noms.
"Tu vois, là-bas, la petite rigolote qui agite les bras dans tous les sens, c'est Ludivine" (que je connaissais un peu déjà, car elle avait une très bonne amie d'Esther au lycée). "Tiens, le grand type qui regarde les panneaux d'affichage, c'est Ed. Un peu ours, mais super chaleureux lorsqu'on prend un peu le temps de parler avec lui. Je l'adore." "Camille et Romain, deux cousins à moi du côté maternel, qui -mais chut faut pas le dire-, flirtent pas mal ensemble... Mais pas frère et sœur, hein, juste cousins !" Ismaël et Samuel, mes cousins éloignés du côté de mon père. Tu sais, je t'en avais déjà un peu parlé? Les deux jumeaux, un peu dingues? Ben c'est eux." "Karine, la grande aux drôles de perles dans les cheveux" et ainsi de suite...


Je l’ai reconnu tout de suite. Assez grand, le cheveux châtains, tiens, il s’est un peu laissé pousser le bouc. Toujours cet air de douce compréhension sur ses traits, ce quelque chose qui faisait que je me sentais rassurée dans ses bras. « Raphaël ? ». Il me sourit un peu, hésite entre sourire et expression interloquée. Il me regarde un court instant, me dévisage franchement une fraction de seconde, et soudain, quelque chose fait ‘tilt’ en lui. « Mais c’est Viva ? Viva, c’est toi ? » Il me sourit pour de bon, avec sa sincérité entière, telle que je la lui connaissais déjà en 3e. Oui, c’est bien lui, Raphaël. Mon premier amour.
« Tu es là ? Tu connais quelqu’un ici ? Esther ? C’est fou, c’est bien toi ! Ca fait combien de temps déjà ?» Les questions fusent de sa part, je retrouve avec plaisir sa spontanéité.

Alors, pendant tout le trajet, je fais connaissance avec tous ceux-là. Je souris à Raphaël, je réalise à quel point cela me fait plaisir de le revoir. Je me souviens qu’à l’époque, je l’avais quitté sans trop savoir pourquoi, à la suite d’une dispute. Rupture idiote. Trop d’orgueil. En fait, je crois que la plupart de mes ruptures ont été à la suite d’une pique de mon amour-propre, ou de celui de l’autre. Qu’est-ce que l’on peut être stupide, parfois.

J’apprends tous les prénoms, les visages, qui m’accompagneront durant tout le séjour.
Une semaine de liberté folle, à la vitesse du train qui nous emmène tout là-bas, dans la maison d’Esther, dans un bout du royaume de mon enfance, dans cette terre de souvenirs.

L’émotion me prend, comme chaque fois, lorsque nous arrivons dans la maison, près d’une forêt, à côté des volcans éteints. Les champs à perte de vue.
La porte un peu difficile à pousser, et puis nous voilà tous dedans, chacun s’émerveillant de la tialle de la maison, du nombre de chambres…

Je me retrouve avec Ludivine et Esther dans la chambre de celle-ci ; le lit est très ancien, il y a largement la place de dormir à trois dedant. La maison d’Esther regorge de vieux meubles, d’ancienne photographies, traces d’un passé révolu, ayant appartenu à sa grand-mère, son arrière-grand-mère, et d’autres encore.
Ici, c’est un valise ouverte, Samuel qui sort en courant de la chambre de Paul et Ismaël, avec le vieux lecteur cd de Paul sous le bras, et celui-ci qui le menace en riant de faire un hold-up de tous ses caleçons s’il ne le lui rend pas. Là, Anouk demande si quelqu’un a vu son pot de savon à l’huile de noix, pot qu’est en train de renifler avec un air intrigué Ed. A côté, Romain vient s’écraser comme un enfant sur son matelas, et se met à chanter à tue-tête. Au bout du couloir, Marie et Karine déballent leurs valises, et Raphaël regarde avec un air halluciné « le nombre d’affaires qu’emportent les filles, c’est dingue… »

Des repas à n’importe quelle heure, tout le monde qui se lève à midi, on déjeune à 17h et dîne à minuit. Des nuits presque blanches, où l’on se laisse emporter doucement par l’herbe qui fait rire, les étoiles dans le ventre et les mains qui rient. La caresse, la promesse du moment, et les langues sed délient.

Mes préférés resteront Romain pour sa guitare et son côté « tellement djeun », Ludivine pour les crises de fou rire incroyable que j’ai eues avec elle et Camille, surtout lorsque nous sommes allées étendre le linge dehors, et qu’on a manqué de s’envoler avec, Ismaël et Samuel, parce que décidément, ils sont dingues et je trouve ça formidable, Ed pour ses bras tous doux lorsqu’il fait froid le soir dehors, Karine et son dynamisme, un peu commandeuse, mais avec un cœur grand comme ça, Sophie, parce que derrière son allure un peu poseuse, se cache une fille drôlement fine, pleine d’humour, Anouk pour le flamenco que nous avons dansé ensemble, jusqu’à pas d’heure (excellente danseuse !), Paul pour ses chorégraphies de fou sur du Polnareff (avec les sanglots et les bras-méduses), Marie pour sa présence apaisante, et son sourire si craquant qui se communique à vous, sans s’en rendre compte, Esther parce que Esther, et Raphaël… parce que Raphaël. Parce que je l’ai retrouvé comme il y a cinq ans, et que c’était incroyable. Tout simplement incroyable.
Tous mes préférés, chacun à sa manière.


J’ai les souvenirs qui s’entrechoquent, j’ai ma mémoire qui suffoque, les poumons qui implosent tant ces instants restent persistants en moi.

Le mardi, journée pique-nique dehors. La chance nous sourit, on a un coin de soleil pour nous. Alors, on monte sur un des volcans du coin, pas très grand, pas très haut, mais la vue s’étend à nos pieds quand même. Romain et Camille se taquinent toujours autant, on a vu leurs lèvres s’effleurer une fois, sans avoir fait vraiment exprès, et leurs yeux s’attacher, puis ses détacher, perturbés, mais heureux. On sent cette attirance si forte entre eux deux, malgré les tabous des liens familiaux, malgré l’interdit. Et puis mince, quand on s’aime, qu’est-ce qu’on peut faire ?

Tous assis dans l’herbe. Un petit vent frais qui passe.
Raphaël est en face de moi, et j’ai comme un chatouillis dans la tête, lorsque je le regarde. Je reconnais en lui la fraîcheur juvénile de nos années collège, son petit sourire mutin qu’il esquisse parfois, ses gestes amples. Il a grandi, depuis. Sa voix a mué, elle est devenue plus posée ; j’aime ses graves calmes, le léger souffle rauque, parfois. Les joues un peu plus creuses et les cheveux indomptés, la bouche qui découvre un peu ses dents lorsqu’il parle, les yeux qui brillent quand sa voix s’anime. Je regarde ses mains, et j’ai soudain envie de les prendre contre moi. C’est pulsionnel, ça ne s’explique pas. Je ne pense même pas. Je sens.
Alors, lorsqu’un fou rire éclate après une plaisanterie que j’ai dite, et qu’il pose sa main sur mon épaule, pour me communiquer sa gaîté, je n’y peux rien, quelque chose pétille en moi.

Romain a sorti sa guitare, il noue joue du jazz manouch. Ses doigts qui courent sur les barettes et les cordes, dextérité à couper le souffle. On frappe dans les mains, on « peepeedaaahdooooh », on claque des doigts, et on chantonne. Instant parfait.

Parce que je garde le souvenir de ses lèvres, de Raphaël, juste un instant, que même si ce n’était pas prévu, nous avons senti tous les deux le passé qui nous remontait aux lèvres. Il faut peut-être que je retrace.

Assis tous en rond, il est tard, très tard, deux, trois heures du matin, la nuit dehors. Tous un peu allumés, c’est l’avant-dernière soirée, alors on profite, on vit. Sophie et Marie dorment déjà sur un canapé du salon. Paul nous a fait un schow sur du Polnareff, à hurler de rire, et est allé s’effondrer dans un lit, « parce que là, je suis sur les rotules ». Peut-être pour revivre les soirées du début de l’adolescence, on décide de faire un action ou vérité, avec des papiers mélangés. Des questions idiotes comme « Aimes-tu le fromage ? », ou sérieuses : « Pour toi, ça veut dire quoi, vivre ? », des actions simples : « Va ouvrir la fenêtre », ou complexes : « Fais un court poème en alexandrins sur l’impression que tu ressens au moment précis où tu lis ce papier », débiles : « Confectionne-toi une tartine nutella-jambon-cornichon » ou périlleuses « Fais un baiser de cinéma à Samuel » (je précise que pour cette dernière, il y a en une par personne.)

Ismaël se retrouve à devoir faire le tour du salon à cloche-pied, ce qui n’est pas évident, compte tenu de désordre, Esther doit déclamer par cœur un poème qu’elle connaît (ouah, c’est Au clair de la lune, les esprits étant un peu brouillés à cette heure-ci…), Romain est contraint de philosopher sur sa carrière future, Anouk doit tenter de marcher sur les mains, et Paul doit avancer sur dix mètres sans ses lunettes (c’est une taupe).

Et puis, Ed tire un papier. « Embrasse Anouk ». On avait bien vu que quelque chose se préparait entre ces deux-là. Oui. Il s’approche d’elle, elle rit un peu, puis ses lèvres se figent, ses yeux le regard, écarquillés. Ed semble soudain plus sensible, plus fragile, et il l’embrasse. Tout le monde se tait, on retient son souffle. Lorsqu’il éloigne son visage d’elle, il se retourne vers nous, nous voit tous silencieux, et éclate de rire. « Bon, je crois que, euh… on va se retirer ! » Il prend la main d’Anouk, et tous les deux s’en vont hors de la pièce, en riant.
Chaleur qui passe dans la pièce, tous heureux pour tous les deux. Romain qui regarde Camille en coin, elle qui surprend son regard, et on rit encore plus. Ceux-là aussi s’éclipsent en rigolant, en inventant des excuses farfelues.

Restent Esther, Ludivine, Karine, Samuel, Ismaël, Raphaël, et moi.
Ludivine, qui a un peu forcé sur le Martini, commence à confondre Sam et Ismaël, qui « décidément se ressemblent beaucoup trop ». Elle se laisse glisser dans les bras de Morphée, et Sam va porter sa cousine dans lit.
Petit à petit, chacun sent les paupières qui se baissent, les cils qui s’entremêlent, et les yeux qui piquent. Ismaël jure qu’il restera le dernier debout, et quelques instants après dort, la tête tombée sur l’épaule de Karine. Celle-ci me lance un regard complice, et je vois ses lèvres formuler : « J’en ferais bien mon quatre heures ! » On se retient de rire tout fort, et elle fait des mimiques passionnées en regardant Ismaël. C’est vrai qu’il est beau, avec ses boucles brunes et sa peau mate.
Tandis que Karine soutient Ismaël pour aller se coucher, Esther suit le mouvement, et me glisse un regard qui comprend tout, tout de suite. Oui, en fait, peut-être ai-je très envie de rester seule avec Raphaël. Dernier sourire avant de monter l’escalier, à demain…

Mes yeux dans ceux de Raphaël. Un silence qui dure un peu trop longtemps pour être anodin. On a bien compris tous les deux.
Puis, il lance : « Ca faisait longtemps, quand même. »
Je souffle un « Oui ». Il me sourit ; je me souviens que j’aimais l’embrasser à la commissure des lèvres, là où sa bouche se relève un peu lorsqu’il sourit. Il passe la main dans ses cheveux ; j’aimais les caresser doucement, lorsque nous étions tous les deux seuls, parfois, à la pause déjeuner. Chaque geste qu’il fait appelle en moi le souvenir de nos instants communs. Je me demande s’il pense la même chose en cet instant.
Ses prunelles contre les miennes. Il est juste à côté de moi, et son visage et si près du mien. Et il me regarde.

Impulsivement, tendrement, je tends la main, et caresse sa joue gauche, comme je le faisais souvent.
Justement, il murmure : « Tu aimais faire ça, avant. » Je sens que dans cet « avant », il y a le souvenir de nos mois partagés. Alors, il tend la sienne, et m’effleure doucement la tempe, à la naissance des cheveux. A mon tour, je murmure : « Tu aimais faire ça, avant. » Il esquisse un sourire, ses yeux se dérobent un peu.
- Je me souviens, lorsque je t’embrassais, tu voulais toujours que je sois plus grand que toi, vraiment plus grand. 

- C’était pour pouvoir m’accrocher à ton cou…
On rit un peu, rire un peu gêné, quelque chose de plus fort circule, que nos mots n’osent dire.
Quelque chose me pousse soudain à me lever, et à dire, d’un air enjoué : « Viens, on va voir si tu es toujours plus grand que moi. » Nous connaissons tous deux très bien la réponse, mais qu’importe. Il se lève, et vient se mettre face à moi. Sa tête penchée sur la mienne, il me regarde. J’avais oublié la couleur prune de ses yeux.

Son visage tout près du mien. Je sens son souffle sur mes lèvres, là, juste là, à quelques espaces. Ses bras viennent trouver mes hanches, et enlacent progressivement ma taille. Alors que nous sommes si près l’un de l’autre qu’un effleurement pourrait précipiter nos corps dans une même étreinte, il s’arrête un peu. Cette douceur qui émane de lui… Comme une demande, il semble implorer doucement, tout en conduisant de lui-même les gestes. Sans brusquer, sans dire, il suggère juste. Quelque chose en moi tend vers lui, j’ai envie de goûter à cette bribe de passé, pour me souvenir de ce premier amour qui fut le mien, pour me rappeler cette sensation folle qui montait en moi lorsque je le regardait, pour me souvenir, pour faire revivre une part révolue de moi-même, je ne sais pas exactement pourquoi. Peut-être aussi parce que simplement, je le veux, en cet instant précis. Parce qu’aujourd’hui, il me plaît. Je ne sais pas. Et plus rien n’importe.

Sa bouche sur la mienne, légèrement, emplie de promesses de l’instant. Un simple baiser, juste un. Nous savons que là-bas, dans notre ville, quelqu’un nous attend. Hugo ; Lucie. Nous avons suffisamment parlé ensemble pour savoir cela. Mais l’envie a été plus belle, plus forte, durant un court moment. Il est temps de mettre la limite, de refermer la parenthèse.
Il
me regarde encore, et puis dit : « Tu sais, je ne t’avais pas oubliée. Parce que, je ne sais pas si je te l’avais dit, tu es la première fille que j’ai aimée, vraiment, pleinement. » « Toi aussi, tu étais le premier. » Notre échange de mots d’éternité est fait, le pacte est scellé, le souvenir est commun. Assurance prise en chacun que l’on est unique pour l’autre. L’on s’est abreuvé aux lèvres présentes, du passé, de la présence si proche, et si lointaine de l’autre. Oui, c’est un morceau de passé qui est venu habiter le présent, une réminiscence lointaine qui devient réelle. Puisque l’autre est là, juste là.

Je m’endors dans ses bras, sur le canapé.


Et les jours filent, sans que je m’en aperçoive. Raphaël et moi gardons notre secret pour nous. Personne n’a su ce baiser, cette reconnaissance intime de cette nuit-là. On reste camarades durant la fin du séjour, mais avec cette petite complicité particulière, ce plus, cette étrange et parfois belle relation entre deux personnes qui se sont connues, intimement, et qui à présent, se retrouvent, des années après, différemment. Le temps passe, le souvenir reste.


Courir dans les champs avec mon Esther, au crépuscule, en hurlant comme des loups avec Ismaël.
Le matin, tous attablés, et les grandes tartines de Nutella, de miel, de beurre salé, de confiture, de beurre de cacahouète, et même au jaune d’œuf pour Ed, qui tente l’expérience (peu concluante). Le parfum du café, et Paul, qui cuve ses bières de la veille, nous lit du Rimbaud.
Les grandes ballades sur les volcans avec toute la bande, ou les petits moments d’intimité à trois ou quatre, lovés sur un lit, avec des Princes et du lait. Marie qui cuisine divinement bien, et s’avère la reine des madeleines ; alors, on s’amuse comme des gamins, à tremper la madeleine dans le thé, pour appeler au souvenir, comme Proust.
Le caleçon argenté, complètement surréaliste, de Samuel qui devient notre étendard.

Fumer tard le soir, et voir les volutes qui s’élèvent dans la nuit. Petits points rouges dans le noir, ici et là disséminés. Une flamme qui s’allume, se reflète dans les yeux. Les mains enfoncées dans les manches, les pulls remontés jusqu’au menton. On se pose dans les bras d’un autre pour avoir plus chaud. Ismaël chantonne un chant populaire, aux accents arabisants.
Juste des souffles et des murmures.
Ecouter.

Et lorsque la fin de la semaine arrive, le désordre à ranger. La gaîté du début, à la vue de notre bazar, se mue en nostalgie progressive, au fur et à mesure que l’on range dans les sacs. Chaque objet devient porteur de moments vécus, totem de vie, clef d’envies. On sourit, un peu tristes, le cœur un peu serré sous la masse des instants et des bonheurs.

A la gare, on se serre dans les bras, fort. Ed et Anouk, Romain et Camille qui repartent enlacés. Ismaël et Samuel tous tristes de devoir repartir dans le Nord, leur train est dans trois heures. On s’échange les numéros de téléphone, les adresses, on jure de se revoir, de se faire une fête bientôt, pour regarder les centaines de photos prises, les petits films avec la caméra de Ludivine. Ed promet de faire « un super montage ». On se raccroche déjà à ces instants à venir, pour ne pas trop sentir la tristesse insidieuse qui s’infiltre sur nos sourires.

Dernier baiser sur la joue de Raphaël, qui retourne dans sa Normandie, où il habite depuis deux ans. J’inspire une dernière fois son parfum, pour m’imprégner. Ses doigts qui effleurent ma tempe, s’emmêlent un peu dans mes cheveux. Il me serre fort dans ses bras.
Au revoir, Raphaël.


Dans le métro, Esther, Ludivine et moi nous regardons. Les regards un peu dans le vague, plongés dans la semaine passée. Le vécu qui remonte aux yeux, et puis coule un peu sur les joues.
Pas envie que cela se finisse. Lorsque j’aurai passé le pas de ma porte, lorsque j’aurai quitté Esther et Ludivine, ce sera fini.

L’appartement est vide, mes parents pas encore rentrés de leur semaine à Prague.
Je vide un peu mon sac, le cœur n’y est pas. C’est comme si j’ouvrais une boîte à souvenirs si beaux qu’ils font un peu mal. Envie de ne rien faire, parviens pas à laisser couler. Parenthèse finie.

Ma poche qui vibre. « Ma Viva, j’ai aimé notre réminiscence commune à tous les deux, et ces belles journées passées tous ensemble. Même si Lyon c’est loin, je pense fort à toi. J’étais content de revoir, ça m’a fait tout sourire, tout bonheur à l’esprit. On se reverra, ne t’en fais pas. Continue bien ton petit bout de chemin, t’es toujours aussi toi-même, et c’est bien comme ça. Sourires. Raphaël. »

Sourires.

 

 

 

Ecrit par Viva, le Jeudi 12 Mai 2005, 23:12 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

lucile
13-05-05 à 09:57

pourquoi lyon si tu habites à paris et lui en normandie?

 
Viva
Viva
13-05-05 à 17:07

Re:

Je me suis un peu embrouillée en utilisant l'expression "retourner dans sa Normandie", et en enchaînant tout de suite avec le reste de la phrase. Raphaël habite en effet à Lyon depuis deux ans, et non pas en Normandie, comme cette expression un peu désuète pourrait le laisser croire!

 
Feu
Feu
14-05-05 à 15:01

Je ne laisse pas souvent de mot ici, mais je lis toujours... Et j'aime tout autant qu'au premier article. Quels moments magiques tu nous fais partager... :)

 
Viva
Viva
22-05-05 à 13:21

Re:

Merci beaucoup, Feu... Ca me fait pétiller les yeux, de lire ça. :)

 
Olivia9
Olivia9
14-05-05 à 23:15

Moi aussi, je lis tous tes articles depuis un bon moment...

On a l'impression de vivre tout ça en même temps que toi, rien qu'en lisant tes mots, c'est beau...

Tu as vécu de bien beaux instants cette semaine, garde les précieusement en souvenir...

Bisous :)


 
Viva
Viva
22-05-05 à 13:22

Re:

Tiens, un nouveau visage! J'aime bien découvrir de nouveaux lecteurs, qui lisaient sans le dire ici... :) Merci, vraiment. ^^

 
Samhradh
Samhradh
15-05-05 à 19:17

*tout sourires, toute rêveuse, toute ailleurs* et du haut de mon petit nuage rose, je te chuchote "merci...", parce qu'il n'y a rien d'autre à dire.

 
Viva
Viva
22-05-05 à 13:22

Re:

Alors moi je murmure : "Mais de rien, Samhradh", parce qu'il n'y a rien d'autre à ajouter. Parce que ça me toucher, des petites présences comme ça!

 
emberlificoteuse
emberlificoteuse
21-05-05 à 19:16

Oh...

Toujours aussi beau... *_*

 
Viva
Viva
22-05-05 à 13:23

Hi...

:) °grand sourire°...